"Dévoilée", un projet photographique pour montrer le visage des violences faites aux femmes
Quatorze jeunes photographes dont dix femmes, ont présenté, avec l'appui du PNUD, une cinquantaine de photos sur les inégalités de genre lors d’un vernissage.
Kitène Yah interpelle sur les violences psychologiques. Zeboué Samira présente une pratique cruelle "légitimée" par la "culture". N'Guessan Joséphine se sert de son vécu d'enfance pour dénoncer la violence conjugale. Ces trois jeunes abidjanaises sont passionnées de photographie. A l’occasion des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, elles ont choisi d’utiliser leurs appareils photos pour montrer le visage hideux des violences basées sur le genre. Pour ce faire, avec 11 autres jeunes, elles ont pris part, sur une initiative du PNUD dénommée "Dévoilée", à une formation sur les nouvelles techniques de photographie et les violences basées sur le genre. Objectif à l’issue de cette formation, publier 55 œuvres photographiques qui mettent en lumière les différentes facettes des violences faites aux femmes et aux filles et faire de l’art un vecteur essentiel pour renforcer la lutte contre les VBG.
Le vernissage des œuvres photographiques réalisées par ces 14 jeunes dont 10 femmes, a réuni le 3 décembre 2021, à la Rotonde des arts contemporains à Abidjan, la Ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfant et son homologue des Eaux et Forêts, la Représentante Spéciale de l'Union Africaine, l'Ambassadeur de l'Union Européenne, les Représentantes du PNUD et de l’ONU Femmes, des organisations de la société civile et du monde des arts et de nombreux étudiants.
Pour Carol Flore-Smereczniak, Représentante Résidente du PNUD en Côte d’Ivoire, la violence basée sur le genre nous oblige à réfléchir à des modes d’actions pour lutter de manière plus efficace et durable contre ce fléau qui entraine non seulement de graves conséquences physiques et psychologiques mais entravent aussi la participation active des femmes à la vie en communauté, tout en portant atteinte à leurs libertés fondamentales.
"Longtemps exclues des métiers comme la photographie, les femmes y trouvent de plus en plus leur place, et il est important qu’elles y soient encouragées. C’est pour elles un moyen d’autonomisation mais également de réalisation d’œuvres artistiques qui mettent en lumière les femmes, qui sensibilisent et dénoncent en profondeur la violation de leurs droits, notamment les violences faites aux femmes et aux enfants, en valorisant le rôle des femmes ivoiriennes dans la société", a déclaré Mme Smereczniak.
Pour sa part, la Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Nasséneba Touré, a aussi mis en perspective "la pertinence, le choix de ce métier qu'est la photographie, et qui permet d'immortaliser tous les instants de notre vie". "Je voudrais vous féliciter pour votre adhésion à ce projet qui à travers vos prises de vue met en exergue la souffrance que subissent les femmes".
Commissaire de l’exposition Mamadou Gomis est le président fondateur de la Fédération Africaine sur l’art photographique (FAAP). Il a été le formateur des jeunes photographes durant les dix jours qu’ont duré les sessions de renforcement de leurs capacités. "Ce projet intitulé Dévoilé rejoint l’engagement des jeunes femmes photographes dans la lutte pour la protection des droits des femmes. L’absence ou l’insuffisance de femmes africaines dans le monde de la photographie est une problématique qui questionne notre prise en compte de la représentativité féminine dans le secteur visuel. Il est temps que la photographie faite par les femmes sensibilise et dénonce en profondeur les inégalités de genre", a-t-il souligné.
Au nom des jeunes photographes, Kitène Yah a remercié les initiateurs de ce projet photographique novateur. "Nos photographies aideront à dévoiler le visage multiforme de la violence faite aux femmes et aux filles, particulièrement les mutilations génitales, les violences domestiques, les violences psychologiques, les identités de genre et bien d’autres sujets touchant aux femmes", a-t-elle conclu.