Les soins "mère kangourou", une méthode innovante et efficace pour la survie des nouveau-nés prématurés
16 janvier 2023
Les soins mère kangourou soutenus par l'UNICEF, préconisent le « peau-à-peau », une technique simple et agréable qui sauve les vies des nouveau-nés prématurés.
En Côte d’Ivoire, sur 1 000 naissances vivantes, 30 nouveau-nés de 0 à 28 jours perdent la vie, selon l’Enquête Démographique et de Santé de 2021 et 31,6% de ces décès sont dus à la prématurité (Plan d’action chaque nouveau-né – Côte d’Ivoire 2018-2020).
Pour pallier le manque de couveuse et la cherté de celles existantes dans les centres de santé, les soins mère kangourou préconisent le "peau-à-peau". S’inspirant de la poche ventrale de la femelle kangourou appelée aussi marsupium qui lui sert à porter son petit après sa naissance, les soins mère kangourou ont vu le jour dans le but d’aider les nouvelles mamans à mettre en place une routine de soin. L’un des aspects de cette routine consiste pour les mamans à porter leur nouveau-né contre leur poitrine de façon permanente ou intermittente pour permettre au bébé d’être dans une température qui lui convient et se reposer.
En Côte d’Ivoire, les soins mère kangourou sont adoptés et pratiqués dans huit Unités de Soins Mère Kangourou (SMK) dont trois dans les départements de pédiatrie des hôpitaux universitaires de Treichville, Cocody et Bouaké et quatre dans les hôpitaux régionaux de Korhogo, Bondoukou, Odienné et Man ainsi qu’à hôpital général de Port-Bouët. Les nourrices dont les bébés sont prématurés et/ou ont un faible poids à la naissance, c’est-à-dire entre 500g et 2 500g mais n’ayant pas de maladie particulière, y sont admises pour donner une meilleure chance de survie à leur enfant.
Une maman de jumeaux prématurés rencontrée à l’Unité Soins Mère Kangourou du CHU de Treichville a perdu un des bébés décédé deux semaines après sa naissance des suites de maladie. Heureusement, sa sœur jumelle Aïcha a tenu bon et bénéficie des soins mère kangourou (SMK) et de merveilleux moments avec sa mère. « Reconnaître les battements du cœur de ma maman et en être apaisé dans cet univers différent de là où j’ai vécu pendant les précédents mois. Si les bébés pouvaient parler, je suis persuadée que c’est ce qu’ils auraient dit de l’utilité des soins mère kangourou. », déclare la mère de la petite jumelle Aïcha.
« Ici, les bébés peuvent rester entre 10 jours et 2 mois selon leur adaptation… Ce centre existe pour apprendre aux nourrices comment porter les enfants en kangourou permettant au bébé de reconnaître les battements du cœur de maman et d’être plus calme. Elles apprennent également à reconnaitre les signes d’un quelconque danger et adoptent les bons gestes. », explique Miezan Marie Josée, sage-femme à l’Unité de Soins Mère Kangourou du CHU de Treichville.
Au sein de l’Unité de Soins Mère Kangourou, le réveil sonne dès 6h pour les mamans. C’est l’heure pour elles de prendre la température du bébé et de s’assurer qu’il n’a pas de fièvre. Ensuite, chacune d’elles fait la toilette du nourrisson tout en douceur. Ce moment est particulièrement important : il permet à la maman de débarrasser l’enfant de toute forme d’impureté mais également de lui faire un petit massage pour le détendre. Puis vient, la pratique de la méthode kangourou qui consiste en trois étapes clés : la position kangourou, l’alimentation et le soutien kangourou.
La position kangourou pour favoriser un contact direct entre la mère et l’enfant
La position kangourou est le cœur de la méthode kangourou. Grâce à une écharpe de portage faite avec un pagne, la position permet au bébé d’être en contact direct avec sa mère et d’être bercé par les battements de son cœur. Bien emballé, le bébé est réchauffé et dort paisiblement. Mais avant, il doit se nourrir convenablement. Au menu : le lait maternel conseillé à sa maman pour sa croissance jusqu’à ses six mois. Directement à la source, au biberon ou à la tasse, le bébé se nourrit, reprend des forces et se connecte davantage à sa mère.
« Revoir les enfants grandir en bonne santé, notre plus grande fierté », Miezan Marie-Josée, sage-femme.
Le soutien kangourou inclut quant à lui l'accompagnement des agents de santé, de la famille et de la communauté dans les deux premières étapes. En effet, étant prescrite de façon permanente ou intermittente, la position kangourou peut présenter l’inconvénient d'être épuisante physiquement pour la maman et contraignante lorsqu’elle a d’autres activités. Le soutien de la famille et surtout du père est donc nécessaire pour relayer la mère à la tâche ou pour l’aider à assurer d’autres tâches importantes.
La méthode kangourou, un taux de survie de 95% des nouveau-nés prématurés
« Revoir les enfants grandir en bonne santé, c’est notre plus grande fierté », se réjouit la sage-femme Miezan Marie Josée.
Entre janvier 2019 et octobre 2022, sur 2 391 nouveau-nés prématurés et de faible poids de naissance reçus dans les 8 unités SMK, 2 274 ont survécu grâce aux soins mère kangourou, soit un succès de 95%.
Ces unités existent grâce au financement issu des fonds de l’UNICEF et du Fonds Français Muskoka.