Ma voie vers l’autonomisation - Le témoignage de Yao Adjoua Thérèse
Thérèse et sa coopérative "Les Moissonneurs" bénéficient de AFAWA, un projet d'appui aux coopératives féminines. Exemple d'autonomisation des femmes en Afrique.
Yao Adjoua Thérèse est la secrétaire générale de la coopérative agricole "Les Moissonneurs" basée à Toumodi au centre de la Côte d’Ivoire. Elle produit du manioc, de la banane, du maïs, et élève des escargots. Elle est bénéficiaire de ‘AFAWA’, le projet d’appui aux coopératives féminines du secteur du vivrier. Lancé en juillet 2022, AFAWA est un projet de 900 millions de FCFA (1,5 million USD), initié par l’ONU Femmes en collaboration avec la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Société Financière Internationale (SFI), qui ambitionne de faciliter l’accès aux marchés et au financement des petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes en Afrique. L'histoire de Yao Adjoua Thérèse est un exemple inspirant de l'autonomisation des femmes entrepreneures en Afrique grâce à des projets d'appui comme AFAWA.
« Je suis Yao Adjoua Thérèse, veuve de 62 ans et secrétaire générale de la coopérative "Les Moissonneurs" à Toumodi, en Côte d'Ivoire. Ma vie a été faite de hauts et de bas, mais je suis fière d'avoir trouvé ma place au sein de cette coopérative et de contribuer à l'autonomisation des femmes de ma communauté. Après le décès de mon conjoint, j'ai dû faire face à la responsabilité de subvenir aux besoins de mes enfants et petits-enfants. Mon fils aîné a abandonné ses études à cause de problèmes de santé et s'est lancé dans l'élevage de poulets. Ma fille, diplômée universitaire, recherche toujours un emploi, tandis que mon plus jeune enfant poursuit ses études.
Malheureusement, j'ai été confrontée à un problème de santé moi aussi - une hernie discale. Cette situation m'a obligée à quitter mon travail d'éducatrice dans le secteur privé. Sans moyens financiers pour me soigner, j'ai pris la décision de travailler dans mon champ, ce qui m'a également permis de subvenir à mes besoins pendant ma convalescence. Après cette période difficile, j'ai tenté de retourner au travail, mais l’on a refusé de me reprendre. Cependant, cette déception a été le début d'une nouvelle opportunité pour moi. C'est à ce moment-là que j'ai rejoint la coopérative "Les Moissonneurs", dirigée par des femmes déterminées.
Je suis devenue la secrétaire générale de la coopérative et j'ai en charge la prise de notes pendant les réunions, ainsi que le compte-rendu pour les séances suivantes. Chaque femme de la coopérative a sa propre plantation, et je suis fière de cultiver six hectares de terres. Après la production du manioc, c'est la présidente de la coopérative qui établit le programme des récoltes. Ensemble, nous déterrons le manioc et le préparons pour l'envoyer à l'usine de transformation. La coopérative est bien organisée avec des groupes dédiés à différentes tâches essentielles. Nous avons un groupe spécialement chargé de la communication autour de nos produits, assurant leur promotion sur les radios locales et les réseaux sociaux. Un autre groupe gère les appels et enregistre les commandes des clients intéressés. Grâce aux formations de l’ONU Femmes, nous avons réussi à trouver des clients via WhatsApp. »
Une nouvelle chance d’enseigner grâce aux cours d’alphabétisation fonctionnelle numérique
« J’ai bénéficié d’une formation en alphabétisation fonctionnelle numérique, pour à mon tour venir former les femmes de la coopérative "Les Moissonneurs" ainsi que d’autres femmes de ma communauté. Je suis vraiment très fière de pourvoir enseigner à nouveau et d’aider les autres. Les femmes à qui j’apprends à lire et écrire deviennent progressivement indépendantes. Elles n'ont plus besoin d'assistance pour des tâches simples comme lire leurs SMS ou se déplacer dans une autre ville pour présenter leurs produits. Pour moi, l'apprentissage est une quête infinie, et peu importe l'âge, tant que nous avons le souffle de vie, nous avons le pouvoir de toujours apprendre. Il faut faire fi des moqueries et ne pas céder au découragement. AFAWA m'a véritablement permis de devenir une femme leader dans ma communauté, avec la conviction que je peux continuer à apprendre et à m'améliorer chaque jour grâce à ce programme.
« Grâce à l’alphabétisation [fonctionnelle numérique] de AFAWA, j’apprends à faire les calculs pour faire les comptes de mes marchandises. »
Konan Ahou Elizabeth, membre de la coopérative Les Moissonneurs, reçoit des cours d’alphabétisation de Yao Adjoua Thérèse.
« Avant, je ne savais pas écrire, mais grâce à l'alphabétisation de AFAWA, je peux maintenant former des lettres et apprendre à écrire. C'est une expérience incroyable que je peux partager avec ma fille, qui est en CP1 cette année. Je suis ravie de lui enseigner la lettre 'a' et le chiffre '1'. De plus, grâce à cette alphabétisation fonctionnelle numérique, j'apprends à faire les calculs pour mieux gérer les comptes de mes marchandises. »
Avec son initiative d'alphabétisation fonctionnelle numérique, le projet AFAWA est une illustration concrète de l'Objectif de développement durable 5 (ODD 5) des Nations Unies, qui vise à atteindre l'égalité des sexes et l'autonomisation de toutes les femmes.