Renforcer la sécurité alimentaire pour consolider la cohésion sociale dans la zone frontalière Nord de la Côte d’Ivoire
31 juillet 2024
Dans les zones frontalières nord impactées par les conflits et le changement climatique, des projets innovants renforcent la sécurité alimentaire et la paix.
En Côte d'Ivoire, l’exploitation et le contrôle des terres et des ressources naturelles peuvent constituer d’importantes sources de tensions qui débouchent souvent sur des conflits entre les communautés. Cette pression est aggravée par le changement climatique et l’arrivée de milliers de réfugiés dont nombreux sont accompagnés de bétail. Le Bounkani et le Gontougo, dans le Nord-Est du pays, sont parmi les régions les plus touchées par ces dynamiques.
Une mission conduite par la FAO du 18 au 27 juillet 2024 dans ces régions a permis d’apprécier les résultats de ces projets après plus de trois années de mise en œuvre. À Tagadi, dans le département de Bondoukou, un parc sylvopastoral de 300 hectares a été créé avec pour objectif de réduire les conflits liés au pâturage. En 2023, 37 conflits ont été signalés contre 9 en 2024, selon le représentant de la communauté peuhle.
« Avec ce parc, notre bétail a désormais accès à l’eau et à la nourriture. Ce qui nous permet aussi d’éviter les déplacements qui peuvent entrainer des destructions de cultures des agriculteurs Lobi et Koulango », s’est réjoui Sangaré Ousmane, bouvier peul exerçant dans la zone frontalière entre la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Burkina Faso. N’Dri Kouadio Clément, le Sous-Préfet de Tagadi, a insisté sur l’impact du projet. « Le parc qui a été délimité sert à la plupart des éleveurs. Ce qui a réduit considérablement les nombreux conflits entre agriculteurs et éleveurs ».
À Songori (Bondoukou), un forage agricole à motricité solaire irrigue désormais 5 hectares de maraîchers et bénéficie à une cinquantaine de femmes pour accroître leur productivité et leur autonomie financière. « Nous continuerons à produire toutes les saisons de l’année afin de mettre à la disposition des populations du Gontougo, des produits maraichers frais et de meilleure qualité », a indiqué Kouman Atta, bénéficiaire du projet, au nom de son groupement agricole.
Dans le Bounkani, Niadegue, Panzarany et Leomidouo sont les trois villages qui ont bénéficié du projet. Dans les deux premiers villages, plus de 15 hectares de périmètre rizicole et 6 ha de maraicher ont été aménagés et irrigués. « Depuis plus de 10 ans, nous n’avons jamais produit autant de sacs de riz et de légumes. Voilà que maintenant nous allons nous nourrir sans risque de pénurie jusqu’à la prochaine récolte. Avec une production suffisante de riz, nous pouvons également aider les réfugiés qui sont avec nous. Tout le monde est content. Nous plaidons auprès de la FAO pour que le deuxième bas-fond et qu’un barrage soient aménagés », a déclaré le chef de village de Panzarany, Ouattara Mamourou.
Dans la zone nord-ouest précisément à Gleleban (région du Denguélé), deux groupements maraîchers ont bénéficié d'un appui technique agricole, de semences et d’intrants ainsi que de 2 motopompes. Les superficies emballées sont passées cette année de 2,5 à 5,5 hectares de maraîcher. Les membres de ces groupements ont diversifié leurs sources de revenu en cultivant 10 hectares de riz pluvial et 1 hectare de manioc. Pour favoriser l’insertion professionnelle de 45 jeunes à risque, 5 étangs piscicoles de 400 ares ont été terrassés. En plus des bénéficiaires initiaux, cette ferme servira à la formation de 25 jeunes volontaires promoteurs de paix dans la région.
Malgré ces résultats, des défis subsistent. Les autorités locales soulignent la nécessité de forages supplémentaires pour assurer une production agricole continue, même pendant la saison sèche. Théophile Coulibaly, le Sous-Préfet de Gbeleban, et son homologue de Tagadi, plaident pour une pérennisation des acquis afin de garantir la stabilité et la sécurité alimentaire. « La construction de forages peut contribuer à mieux maitriser la question de l’eau. Dans notre localité, la saison sèche peut être longue. Ces forages permettront à ces femmes de produire sur les 12 mois de l’année », a plaidé le Sous-Préfet de Gbeleban.
Ces initiatives des agences des Nations Unies en Côte d’Ivoire et de leurs partenaires illustrent l’impact que peuvent avoir des projets de consolidation de la paix et de développement durable sur la cohésion sociale et la résilience des communautés en Côte d'Ivoire.