"Autres Regards" : Une initiative photographique pour alerter sur la biodiversité menacée en Côte d’Ivoire
01 juillet 2025
Légende: Avec son projet "Plantons aujourd'hui la couleur de demain", Yao David Elisée, un des jeunes photographes de l'initiative "Autres regards", nous montre que la perte de la biodiversité, c'est la perte de nos couleurs, un monde de plus en plus gris qui menace l'équilibre de la vie.
Préserver la nature en changeant les regards : des jeunes photographes ivoiriens soutenus par le PNUD s’engagent à travers l’image pour sauver la biodiversité.
Alors que la Côte d’Ivoire fait face à une érosion rapide de sa biodiversité due à la déforestation, à la pollution, au braconnage et à l’expansion agricole non maîtrisée, un projet novateur donne la parole – et l’objectif – à une jeunesse engagée : « Autres Regards ». Soutenue par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Partenariat mondial BES-Net, cette initiative invite de jeunes Ivoiriennes et Ivoiriens à capturer, à travers la photographie, la beauté et la fragilité de leur environnement naturel.
Une biodiversité sous pression
Des forêts tropicales denses de Taï aux mangroves du littoral en passant par les savanes du nord, la Côte d’Ivoire abrite une biodiversité remarquable. Pourtant, selon les dernières données nationales, le pays a perdu plus de 80 % de sa couverture forestière originelle en seulement quelques décennies. L’urbanisation galopante, les activités agricoles intensives, la pollution plastique et la chasse illégale continuent de menacer des écosystèmes déjà fragilisés.
Dans ce contexte préoccupant, la préservation de la biodiversité ne peut réussir sans une prise de conscience collective, en particulier parmi les jeunes générations. C’est tout l’enjeu du projet « Autres Regards » : sensibiliser, impliquer et mobiliser par l’image.
L’objectif pour changer de regard
Porté par des jeunes issus de toutes les régions du pays – Abidjan, Bouaké, Man, Yamoussoukro – le projet a permis à une vingtaine de jeunes de se former à la photographie documentaire et au récit visuel. Encadrés par des professionnels de l’image et des spécialistes de l’environnement, ces jeunes ont arpenté forêts, villages, zones humides et marchés pour raconter, en images, les multiples facettes de la biodiversité ivoirienne : sa richesse, ses menaces, mais aussi les efforts de protection menés au niveau local.
« À travers mes clichés, je veux montrer que chaque pas que nous posons a la force de détruire ou de construire, et laisse une empreinte, souvent invisible, mais bien réelle. Faisons le choix d’une empreinte positive pour préserver notre biodiversité », plaide Laurette Blé, jeune ivoirienne de 23 ans, financière de formation et passionnée de photographie.
Légende: Dans sa démarche artistique intitulée "L'empreinte du futur", la jeune photographe Laurette Blé interroge sur l'empreinte que l'être humain veut laisser sur la nature.
« Mes photographies ne sont pas de simples mises en scène, elles sont un cri d’alarme. Si nous continuons à ignorer l’urgence de la situation, nous finirons par “manger” inévitablement nos propres déchets. Il est encore temps d’agir pour une gestion responsable de nos déchets et la protection de notre biodiversité », alerte Edouard Bitty, jeune photographe, mais aussi scout et ambassadeur EPOP, qui œuvre pour des villes durables alignées sur le Objectifs de développement durable (ODD).
Une initiative innovante soutenue par le PNUD
Le PNUD a accompagné ce projet à chaque étape : identification et formation des jeunes, mise à disposition de matériel, encadrement technique, organisation d’expositions et diffusion des œuvres sur ses canaux institutionnels.
Cette approche s’inscrit pleinement dans sa stratégie pour un développement durable centré sur l’humain, l’innovation sociale et la participation citoyenne. En investissant dans les capacités des jeunes à documenter leur réalité environnementale, le PNUD veut contribuer à faire émerger une génération d’acteurs du changement. « La biodiversité n’est pas qu’un décor : elle est le socle de notre sécurité alimentaire, de notre santé, et de notre résilience face aux changements climatiques. Il est essentiel de préserver cet héritage commun, fragile et irremplaçable, par responsabilité envers les générations futures. Et l’art photographique peut fortement y contribuer », a fait remarquer la Représentante résidente du PNUD en Côte d’Ivoire, Blerta Cela, lors du vernissage à Abidjan le 14 avril 2025.
Une sensibilisation qui dépasse le cadre artistique
Les photographies réalisées dans le cadre du projet ont été exposées à Bouaké, Yamoussoukro et Abidjan, dans des lieux culturels, des écoles et lors d’événements publics. Des milliers de personnes ont pu découvrir ces œuvres, dont plusieurs responsables d’administrations locales et représentants d’ONG environnementales.
Certaines images ont même servi de support à des sessions de sensibilisation sur le tri des déchets, la lutte contre le braconnage ou la protection des zones humides. Dans plusieurs communes rurales, elles ont déclenché des actions concrètes : retrait de pièges illégaux, nettoyage de berges, plantation communautaire d’arbres.
Légende: Avec une série de photos artistiques réalisées à Moamo, un village de la région de Bondoukou (Nord-Est de la Côte d'ivoire), le photographe Henri Toh explore l'impact des activités humaines sur la biodiversité et capture la fragilité de la nature face aux ravages causés par l'homme.
Une autre manière de raconter la nature et un appel à l’action
Avec « Autres Regards », les jeunes photographes ne se contentent pas de documenter les menaces qui pèsent sur la nature ivoirienne : ils racontent aussi des histoires d’espoir, de résilience et d’engagement. On y voit des écoliers apprenant à trier leurs déchets, des pêcheurs réorientés vers l’écotourisme, ou encore des femmes animant des comités villageois de reboisement.
À travers leur regard, c’est toute une société qui se redécouvre capable d’agir. Le projet « Autres Regards » démontre qu’en combinant art, sensibilisation et engagement communautaire, il est possible de transformer les consciences et de susciter des dynamiques positives pour la nature.
Le projet BESNET II, mettant en avant cette initiative, a été réalisé grâce au soutien financier de l’Initiative internationale pour le Climat (IKI), de l’ambassade d’Allemagne et du PNUD, en collaboration avec le Ministère de la Culture et de la Francophonie, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, ainsi que de la Fédération Africaine de l’Art Photographique (FAAP).