Egalité et tradition, l’histoire d’un couple qui a trouvé son équilibre
Yéo Kassoum et Soro Djata accordent une grande importance à la communication et à l’écoute mutuelle.
Yéo Kassoum et Soro Djata habite au nord de la Côte d’Ivoire, dans le village Fapaha. Le couple a trouvé un terrain d’entente, qui permet à Djata de jouir de son autonomie tout en respectant leur culture. Kassoum se rappelle le jour où il a été approché par le groupement pour obtenir son accord afin que son épouse devienne la secrétaire du groupement. Cette fonction nécessite qu’elle fasse des déplacements hors du village et selon la tradition Senoufo, c’est l’homme qui a le pouvoir de décision.
Avant de donner sa réponse, il a d’abord échangé avec son épouse, mais admet volontiers avoir été très fier : « j’étais vraiment content qu’elle ait été désignée parmi toutes les autres ». Pour Djata, c’était un immense honneur : « J’étais fière et contente de pouvoir rendre service. Je veux faire avancer notre groupement ».
Le groupement est composé de 149 femmes et 1 homme. Dans le cadre du programme d’appui aux petits producteurs du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies en Côte d’Ivoire, les groupements sont accompagnés dans la structuration de leur organisation, afin d’assurer une bonne gouvernance et la durabilité des acquis. Ainsi, une présidente, une secrétaire, une trésorière ont été élues, mais aussi une personne responsable des tricycles et une autre pour l’unité de transformation.
Djata fait partie des rares femmes du groupement qui savent lire et écrire, mais ce qui a fait la différence c’est le soutien que lui a apporté son mari. Car en plus des tâches qui incombent à la secrétaire, à savoir animation de réunion, mobilisation pour les formations, travaux champêtres, elle est également porte-parole du groupement. Elle a un rôle de représentation dans les formations et réunions organisées dans le cadre du projet, et c’est justement ce qui lui plait :
« Je veux faire avancer le groupement. Lorsque je participe à des formations ou des réunions, je rends compte aux autres femmes afin que ce que j’ai appris nous serve ».
Son mari très attentif ajoute ceci : « Ce qu’elle apprend rend service à notre ménage. D’abord, dans notre champ individuel, elle applique les innovations apprises au groupement. Notre alimentation aussi a changé, on varie plus. Maintenant on a de l’oignon, de la salade et de la patate douce à chair orange. Et même… Elle fait des cours d’alphabétisation. Alors, à son tour, elle m’enseigne à la maison comme je ne suis pas allé à l’école ».
Mais l’époux de Djata constate aussi d’autres changements : « Avec le groupement et son rôle de secrétaire, elle a recommencé à travailler avec le papier, je la vois se donner au travail ». En effet, sa fonction de secrétaire l’encourage à améliorer ses compétences orales et son écriture grâce notamment à la formation d’alphabétisation fonctionnelle et de comptabilité de base prévue dans le cadre de ce projet mené en partenariat avec l’UNESCO.
Djata confirme et ajoute qu’elle est plus dynamique et a gagné en assurance. Pour elle, être secrétaire ne présente pas de difficulté, mais au contraire, constitue une motivation. De plus, les autres femmes viennent à elle pour des conseils, même personnels, ce qui n’était pas le cas avant. Cela témoigne de la confiance que les autres membres portent à leur secrétaire. L’un de ses conseils est le suivant :
« La responsabilité ne s’improvise pas. L’attitude et les compétences font de toi quelqu’un de responsable ».
Kassoum aussi a un message qu’il souhaite adresser aux autres hommes : « Il faut libérer les femmes pour qu’elles s’adonnent à leurs activités. Elles ont un rôle à jouer dans la communauté. Il faut les encourager, comme j’encourage ma femme. »