La FAO va lancer un nouveau projet qui encourage la production de cacao sans déforestation en Côte d'Ivoire
19 août 2020
Un projet de 11,8 millions de dollars aidera les petits producteurs ivoiriens de cacao à s'orienter vers des pratiques durables en matière d'agroforesterie.
Le Conseil d'administration du Fonds vert pour le climat (FVC) a approuvé, ce 19 août 2020, un projet de 11,8 millions de dollars pour soutenir la production de cacao sans déforestation en Côte d'Ivoire. Le projet mis en œuvre par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en collaboration avec le Ministère ivoirien de l'environnement et du développement durable (MINEDD). Ce projet est la première proposition REDD+ en Afrique et dans le monde à être approuvée dans le cadre du Programme pilote de processus d'approbation simplifié (PAS) du FVC. Il s'agit également de la première proposition de financement de la FAO approuvée par le FVC en Afrique.
Des 11,8 millions de dollars du projet, 500 000 dollars proviennent du cofinancement par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), alors que le Gouvernement ivoirien, par l'intermédiaire du MINEDD, contribue également au projet à hauteur de 1,2 million de dollars dans le cadre d'un effort national plus large visant à réduire de près d'un tiers les émissions totales de gaz à effet de serre.
L'initiative nouvellement financée vise à soutenir les efforts de la Côte d'Ivoire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, renforcer la résilience et atténuer les effets du changement climatique. Pour ce faire, il s'agira de mettre fin à la déforestation liée à l'agriculture, d'améliorer la productivité agricole, de préserver la biodiversité, de reconstituer le couvert forestier et d'améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs.
«Avec ce soutien important du Fonds vert pour le climat, nous voulons soutenir un nouveau modèle agricole sans déforestation en Côte d'Ivoire et entamer une voie de transition vers une économie à faible émission de carbone et un avenir plus résilient», a déclaré Samy Gaiji, Représentant de la FAO en Côte d'Ivoire.
Une situation gagnant-gagnant pour les agriculteurs et le climat
La Côte d'Ivoire est l'un des principaux producteurs de cacao au monde, et la culture du cacao est essentielle à la subsistance d'environ deux millions de petits producteurs. Le pays enregistre également l'un des taux les plus rapides en matière de déforestation et de dégradation des forêts dans le monde. L'agriculture est responsable de près des deux tiers de la déforestation, dont 38 pour cent sont dus à la production de cacao.
Le projet tirera parti d'un projet pilote REDD+ réussi dans la région de La Mé, dans le sud-est du pays, où les producteurs de cacao ont été soutenus pour développer une production de cacao durable, biologique et équitable, sans déforestation. Dans le cadre du projet, des partenariats seront également créés avec des investisseurs nationaux et internationaux du secteur privé pour un plus grand impact.
Environ 7 550 agriculteurs, dont un tiers sont des femmes, bénéficieront directement du projet, et 600 000 autres agriculteurs en recevront des avantages indirects, durant les cinq années de sa mise en œuvre. Les responsables du projet visent à reproduire les bonnes pratiques dans d'autres régions en vue d'une éventuelle adoption à l'échelle nationale.
Le projet contribuera également à la réalisation des objectifs de la stratégie nationale REDD+ visant à renforcer les systèmes institutionnels et réglementaires, et à améliorer le suivi et la gestion des terres et des forêts.
Le changement climatique en Côte d'Ivoire
La Côte d'Ivoire est particulièrement vulnérable au changement climatique et connaît une augmentation des températures et une diminution des précipitations, ce qui est préjudiciable à la production de cultures vivrières.
Malgré les engagements pris par les parties prenantes, notamment les grandes entreprises chocolatières, en faveur d'une production de cacao sans déforestation, cette dernière continue d'augmenter, même à l'intérieur des aires protégées et des parcs nationaux.
Cette perte de couverture forestière favorise grandement le changement climatique, car les forêts absorbent le CO2 de l'atmosphère et stockent le carbone dans leur végétation et leur sol. On estime qu'à l'échelle mondiale, la déforestation et la dégradation des forêts sont responsables d'environ 11 pour cent des émissions de CO2. Mettre un terme à la déforestation est une action rentable qui réduit les émissions mondiales de gaz à effet de serre et procure des avantages à long terme.
Lutter contre la déforestation pour combattre le changement climatique et l'insécurité alimentaire
La «réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, en plus de la gestion durable des forêts et la conservation et le renforcement des stocks de carbone forestier », connue sous le nom de REDD+, est un élément essentiel des efforts mondiaux visant à atténuer les effets du changement climatique. La FAO soutient les pays en développement dans leurs processus REDD+ et dans la mise en œuvre de leurs engagements politiques – tels que représentés dans leurs contributions déterminées au niveau national – de manière concrète sur le terrain.
La lutte contre le changement climatique par des solutions basées sur la nature fait également partie intégrante du travail de la FAO en faveur de l'élimination de la faim et la malnutrition et la promotion de l'agriculture durable.
La foresterie, l'agriculture et le changement climatique sont étroitement liés, ce qui pose des problèmes pour la coordination des politiques liées au développement, à l'adaptation au changement climatique et à l'atténuation de ses effets. La gestion durable des forêts et de l'agriculture, ainsi que leur intégration dans les plans d'utilisation des terres, sont essentielles pour atteindre les Objectifs de développement durable, assurer la sécurité alimentaire et lutter contre le changement climatique.