Discours du Coordonnateur Résident des Nations Unies, célébration officielle de la Journée nationale de la Paix 2020
La célébration officielle de la Journée nationale de la Paix a eu lieu ce 15 novembre 2020 à Abidjan. Le discours du Coordonnateur résident à cette occasion.
Thème « Ensemble, consolidons la paix et préservons nos acquis »
Excellence, Monsieur le Premier Ministre,
Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Chers Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Cher Invités,
C’est un honneur d’être à vos côtés à l’occasion de la 24ème édition de la Journée Nationale de la Paix en Côte d'Ivoire. Je tiens à saluer les efforts constants du Gouvernement et la contribution de la communauté internationale et de tous les acteurs nationaux en faveur de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale.
Depuis une décennie, le Système des Nations Unies a accompagné la Côte d'Ivoire dans une dynamique de consolidation de la paix, après plusieurs années de crise. En particulier depuis 2008, à travers le Fonds pour la Consolidation de la Paix, l’instrument du Secrétaire Général pour la consolidation de la paix, plus de 32 milliards de FCFA ont été investis dans 30 projets de consolidation de la paix, impliquant une dizaine d’agences du Système des Nations Unies et d’entités gouvernementales et une quarantaine d’organisations de la société civile. Plus de 4 millions de personnes ont bénéficié de ces projets en Côte d'Ivoire : femmes, jeunes, autorités locales et traditionnelles, autorités gouvernementales, forces de sécurité, associations de quartier, partis politiques, société civile, médias, groupes de défense des droits humains, victimes de violences sexuelles, communautés frontalières, de tous horizons et sans distinction de régions, affiliations politiques, religions, ou d’origines.
Cette année 2020 marque le 75ème anniversaire de l’Organisation des Nations Unies. Nous mesurons le succès de l’ONU par les vies que nous sauvons, les souffrances que nous atténuons, la paix que nous construisons, les opportunités que nous créons et les droits que nous protégeons. Nous avons commémoré cette étape, non pas par une célébration, mais par une conversation.
Dans des enquêtes, des sondages et des dialogues, nous avons encouragé les jeunes, en particulier, à partager leurs points de vue sur notre avenir. En Côte d’Ivoire, sur la plateforme U-Report, près de 42.000 jeunes ont participé à cette enquête et ont exprimé deux principales aspirations : les jeunes de Côte d’Ivoire veulent moins de conflits et plus de perspectives d’emplois.
Leur avenir s’est pourtant assombri ces dernières semaines. Je m’incline devant la mémoire de toutes celles et ceux qui ont perdu la vie lors des récentes violences liées au processus électoral. C’est l’occasion pour moi de transmettre de vive voix, les condoléances du Secrétaire-General des Nations Unies aux familles éplorées, et son souhait d’un prompt rétablissement aux blessés.
Les évènements de ces dernières semaines nous rappellent que la paix n'est jamais acquise. La paix est une aspiration permanente. Sa force dépend de nos convictions. Sa durabilité de nos espérances. Il faut parfois des décennies, voire des siècles, pour construire des sociétés pacifiques et stables. Mais la paix peut être gaspillée en un instant par des politiques et des approches imprudentes et conflictuelles.
Les violences de ces derniers jours nous rappellent qu’aucun sacrifice n’est jamais trop grand pour continuer à consolider la paix et préserver ses acquis. Elles nous rappellent que la paix reste fragile et qu’il nous faut encore redoubler d’efforts, à tous les niveaux.
Au sein des communautés, de la jeunesse, des associations de femmes, des chefs traditionnels, des chefs religieux et de la classe politique.
Nous avons tous vu ressurgir les discours de haine et d’incitation à la violence, particulièrement à travers les réseaux sociaux, qui fragilisent le tissu social ivoirien et compromettent la cohésion sociale. A Dabou, à Bonoua, à Daoukro, à Divo et plus récemment à M’Batto, des communautés se sont malheureusement déchirées.
Je souhaiterais donc nous inviter tous à redoubler d’efforts et privilégier le dialogue pour consolider la paix et préserver nos acquis. Il revient à chacun d’agir à son niveau, à l’école, au travail ou chez soi, car chaque effort compte. Car la paix est aussi un engagement individuel !
Et si les divergences de vues entre individus ou entre communautés sont normales et font partie intégrante des relations humaines, elles doivent être résolues à travers le dialogue, comme le Secrétaire-Général de l’Organisation des Nations Unies n’a de cesse de le répéter.
Mais la paix n'est pas seulement l'absence de conflit violent, c'est aussi la création des conditions d'harmonie dans la façon dont les gens vivent les uns avec les autres pour permettre que les conflits ne se développent pas.
Nous avons des preuves solides que les droits de l'homme, le respect de l'état de droit, l'accès à la justice et les opportunités pour tous sont les fondements de communautés et de sociétés pacifiques. C'est pourquoi le Programme de Développement Durable à l’horizon 2030 est avant tout un agenda pour la paix. Les investissements dans la prestation de services équitables, le développement durable pour tous et la cohésion sociale sont des investissements dans la paix. Le développement durable et inclusif est un but en soi. C’est aussi le moyen le plus efficace de traiter les causes profondes des conflits, de l’extrémisme et du terrorisme, autre menace pour la paix.
Abordons donc les fragilités et les inégalités qui vont à l’encontre de la paix, afin que nous sortions de cette crise plus forts qu’auparavant.
Donnons la priorité à la paix et construisons un avenir plus sûr pour tous.
Je vous remercie.