Consultation nationale multipartite sur le VIH et la tuberculose pédiatriques : « Agissons ensemble pour une génération sans sida et sans tuberculose »
Une consultation nationale s'est tenue à Abidjan pour définir les priorités afin de traiter et prévenir plus efficacement le VIH et la tuberculose pédiatriques.
La Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus affectés par l’épidémie du VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre. On estime à 380 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH en 2020 (359 000 adultes et 21 000 enfants et adolescents (de 0 à 14 ans). Le pays s’est aligné sur l'engagement mondial de l'atteinte de l'objectif intermédiaire des 95-95-95[1] en 2025 en vue de mettre fin à l’épidémie du VIH d'ici à 2030 en tant que menace de santé publique.
La pandémie de COVID-19 a eu un retentissement sur l’offre de services et la fréquentation des services de santé, y compris ceux liés au VIH, impactant négativement les progrès déjà réalisés par le pays dans la lutte contre le sida et l’atteinte des objectifs 90 90 90[2] en 2020. Des efforts supplémentaires sont nécessaires particulièrement chez les enfants et les adolescents pour aller vers l’atteinte des objectifs 95-95-95. L’identification des enfants VIH et le dépistage de la tuberculose chez les enfants restent encore insuffisants et constituent un défi à relever au niveau national. Pour inverser cette tendance et améliorer les indicateurs, plusieurs initiatives, dont l’initiative Confessionnelle ONUSIDA-PEPFAR, sont en cours en Côte d’Ivoire.
" Les enfants vivant avec le VIH éprouvent de grandes difficultés lorsqu’ils atteignent l’âge adulte pour la continuité de leurs soins "
C’est dans ce cadre que le ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, à travers le Programme National de Lutte contre le Sida, le Programme National de Lutte contre la Tuberculose et avec l’appui technique et financier du Système des Nations Unies pour le Développement (ONUSIDA, UNICEF et OMS), a organisé du 8 au 10 Juin 2021 la consultation nationale multipartite sur le VIH et la Tuberculose pédiatriques. Sous le thème « Agissons ensemble pour une génération sans sida et sans tuberculose », cette consultation visait à s’accorder sur les actions prioritaires en vue d’accélérer l’introduction, le déploiement et l’accès aux outils pour détecter, diagnostiquer, traiter et prévenir le VIH et la tuberculose chez les enfants vivant avec le VIH ou exposés au risque de le contracter. Des médicaments optimaux et des régimes thérapeutiques adaptés aux enfants sont maintenant disponibles et peuvent contribuer à améliorer et la rétention des enfants ivoiriens dans les soins.
La cérémonie d’ouverture a été réhaussée par la participation de la Première Dame de Côte d’Ivoire, Madame Dominique Ouattara, Ambassadeur spécial de l’ONUSIDA pour l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH et la promotion du traitement pédiatrique. Le Ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, la Ministre de la Femme, de la Famille, et de l’Enfant, le Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies en Côte d’Ivoire et plusieurs chefs d’agences onusiennes , les ambassadeurs des Etats Unis et de la France, ainsi que des représentants du PEPFAR, des chefs religieux et traditionnels, des maires du District d’Abidjan et des représentants de la société civile y compris des associations de personnes vivant avec le VIH étaient également présents. Le témoignage d’une famille avec un enfant infecté par la tuberculose a mis en lumière les difficultés liées au dépistage précoce de la tuberculose et à l’accès au traitement antituberculeux adapté pour les enfants : "Nous avons fait plus de 9 mois avec notre enfant passant dans plusieurs centres de santé avant de savoir qu’il souffrait en réalité de la tuberculose". Un second témoignage, cette fois de C.B, jeune homme vivant avec le VIH, a mis en exergue un défi majeur de la prise en charge du VIH pédiatrique, à savoir la difficulté de transition des adolescents suivis par les services pédiatriques vers les services pour adultes. " Les enfants vivant avec le VIH éprouvent de grandes difficultés lorsqu’ils atteignent l’âge adulte pour la continuité de leurs soins. Cette situation pousse nombre d’entre eux à abandonner leur traitement entrainant des rechutes avec les risques de non-suppression virale ", a-t-il déploré.
Au cours de la cérémonie d’ouverture, le ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, a annoncé la réception par son département d’un premier lot de près de 7 000 boîtes d’un médicament ARV adapté aux enfants de moins de 15 kg et la signature dans les meilleurs délais de l’arrêté portant révision des protocoles thérapeutiques adaptés aux enfants et qui faciliteront la mise en œuvre de cette stratégie. Il a également réitéré l’engagement du Ministère à éliminer la transmission mère-enfant du VIH. La Première Dame a, lors de son intervention, plaidé à nouveau pour « la démocratisation des traitements » et la réduction des inégalités.
Durant les consultations techniques, les experts des programmes nationaux, les partenaires de mise en œuvre, les acteurs de la société civile et les partenaires techniques et financiers ont passé en revue les différents défis rencontrés dans la prise en charge des enfants et des adolescents vivant avec le VIH à savoir :
- Identifier, dépister et traiter tous les enfants et adolescents à risque d’infection à VIH et Tuberculose à toutes les portes d’entrée pédiatriques,
- Assurer le maintien dans les soins des enfants sous traitement ARV et antituberculeux,
- Renforcer l’engagement des prestataires de soins et de la communauté dans la prise en charge du VIH et de la tuberculose chez l’enfant.
Tous les acteurs ont adopté une feuille de route autour des engagements nationaux vis-à-vis des enfants et adolescents dont la mise en œuvre sera assurée sous le leadership du Ministère de la santé avec l’appui des Nations Unies et du PEPFAR.
En 2020 en Côte d’Ivoire, sur les 21 000 enfants vivant avec le VIH, seuls 10 620 étaient sous traitement antirétroviral, soit à peine 50% des enfants en besoin de traitement. Parmi les enfants et adolescents en traitement, seuls 66% avaient une suppression virale contre 82% chez les adultes. La co-infection VIH/tuberculose représente 15% quel que soit l’âge des patients. Sur près de 20.000 patients atteints de tuberculose, environ 1000 sont des enfants de 0 à 14ans, soit près de 5%.
[1] Objectif 3*95 : 95% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique, 95% des personnes qui connaissent leur séropositivité reçoivent des traitements antiretroviraux, 95% des personnes sous traitements antirétroviraux ont une charge virale indétectable.
[2] Objectif 3*90 : 90% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique, 90% des personnes qui connaissent leur séropositivité reçoivent des traitements antiretroviraux, 90% des personnes sous traitements antirétroviraux ont une charge virale indétectable.