La Côte d’Ivoire renforce sa production de semences certifiées pour atteindre son autosuffisance en riz
Yamoussoukro a abrité le 18 août 2021, l’atelier de lancement du projet d’appui à la revitalisation du système semencier riz en Côte d’Ivoire.
Selon les chiffres de l’Agence pour le Développement de la Filière Riz (Aderiz), la Côte d’Ivoire est confrontée à un déficit de 30 % de sa consommation de riz blanchi qu’elle a dû combler par des importations sur les marchés internationaux. Aujourd’hui, moins de 6% des surfaces rizicoles sont irriguées et à peine 1% des besoins des agriculteurs en semences améliorées sont satisfaits. Dressant l’état des lieux de la filière rizicole, un responsable de l’Aderiz a souligné que dans les années 1970, la Côte d’Ivoire était non seulement autosuffisante en riz mais aussi exportatrice vers les pays de la sous-région.
Et pourtant, selon Ibrahima Fofana, expert en riziculture de la FAO, la Côte d’Ivoire dispose de nombreux atouts pour retrouver ses niveaux d’autosuffisance des années 1970. Au nombre de ces atouts, un climat favorable, étant donné sa pluviométrie, son hydrographie et une longue tradition parmi les populations rurales.
Au regard de ce constat de forte dépendance aux importations, la question cruciale demeure : comment revitaliser le secteur de la riziculture et amener les riziculteurs ivoiriens à satisfaire la demande intérieure par une production de riz en quantité et qualité suffisantes et permettre à la Côte d’Ivoire d’assurer sa souveraineté alimentaire ?
En réponse à cette problématique et aux besoins en semences améliorées, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Ministère d’Etat, Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural ont initié un projet pilote dans la région du Bélier (centre de la Côte d’Ivoire) en vue d’appuyer la revitalisation du système semencier riz.
M. Kouakou Martin, représentant le Directeur Général de la Production et de la Sécurité Alimentaire a procédé au lancement de ce projet, au cours d’un atelier organisé à Yamoussoukro. « Le riz est une culture de base dans de nombreux pays, y compris en Côte d'Ivoire, où de nombreuses personnes, en particulier dans les villes en expansion, en dépendent. Je salue la mise en œuvre de ce projet qui vient soutenir les nombreux efforts réalisés dans la chaine de valeur production de semence dans notre pays. » a-t-il fait remarquer.
Deux sociétés coopératives comprenant 14 agri-multiplicateurs dont trois femmes ont pris part à cet atelier de lancement. « Un des objectifs clé de ce projet est de parvenir à la production de semences certifiées de variétés améliorées de riz prisées par les populations, à haut rendement, en vue d’une augmentation de la productivité rizicole en Côte d’Ivoire. Ainsi, dans la mise en œuvre de ce projet, il sera question de renforcer les capacités techniques des producteurs, de leur fournir les intrants de qualité et du matériel agricole » a déclaré Coulibaly Emmanuel, Coordonnateur national du projet.
La production de semences, une opportunité économique pour les riziculteurs
L’augmentation de la production rizicole passera en majeure partie par l’approvisionnement en variétés améliorées répondants aux besoins des agriculteurs mais aussi des consommateurs. Pour cela, le défi à relever est de redynamiser le secteur semencier et démontrer l’opportunité économique pour ceux qui occupent ce secteur clé. Il s’agit aussi d’assurer un approvisionnement de qualité qui répond à des besoins pressants des riziculteurs ivoiriens.
Durant l’atelier de lancement, les riziculteurs ont salué l’avènement de ce projet et se sont engagés à relever le défi : faire de la production de la semence, une activité privilégiée au centre de la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture (SNDR) 2020-2030.
« L’une des préoccupations auxquelles nous sommes confrontés sur le terrain est la mécanisation afin de rendre cette activité moins difficile et rentable. A l’issue de l’atelier, je repars réconforté dans mon projet de me consacrer principalement à la production semencière de riz. Cette activité peut être rentable », s’est félicité Ouffouet Ferdinand, agri-multiplicateur dans la zone de Didiévi.
La FAO n’est pas à son premier appui en faveur du secteur semencier en Côte d’Ivoire. En 2007, elle avait apporté un appui technique et financier à un projet relatif à la redynamisation du système semencier en Côte d’Ivoire par l’élaboration des textes constitutifs de la législation semencière. Ce projet avait permis de mettre en place l’ensemble du dispositif de certification de la semence à travers les textes de règlementation de la législation semencière.
Comme indiqué par son Représentant, ce projet s’inscrit dans la continuité de l’appui de la FAO aux priorités de la Côte d’Ivoire afin d’atteindre les objectifs d’autosuffisance alimentaire. Le projet apportera aussi des réponses innovantes pour la riziculture comme l’évaluation de la riziculture irriguée en goute à goute. « Le développement de l'irrigation goutte à goutte dans la filière riz en Côte d'Ivoire est une priorité dans la mise en œuvre de la SNDR 2020-2030. L'approche choisie est de réduire annuellement les superficies en inondées, pluviales en bas-fonds et pluviales en plateau par l'extension progressive du système d’irrigation goutte à goutte sur ces superficies. L'irrigation goutte à goutte est clairement la méthode par micro-irrigation vers laquelle tous les pays grands producteurs de riz s'orientent aujourd'hui en raison des avantages multiples de ce système selon les firmes partenaires spécialisées, leaders en la matière » a affirmé le Représentant de la FAO, Samy Gaiji.