Projet Initiative Pêche Côtière : Cap sur la sensibilisation pour sauver les mangroves de Sassandra

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), à travers la Convention d’Abidjan, en collaboration avec le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques et le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable ont entrepris du 17 au 22 septembre 2021, une mission conjointe de gestion durable des écosystèmes de mangroves dans le département de Sassandra.

La mangrove a un rôle essentiel, aussi bien physique qu'écologique, dans la conservation des littoraux tropicaux. En plus d'abriter une grande biodiversité animale, les mangroves représentent une source de revenus importante pour les populations riveraines.

Malgré ce potentiel, les mangroves sont fortement menacées en Côte d’Ivoire par l’action de l’homme. « Cette destruction est due à l’abattage et à la revente des palétuviers devenu depuis quelques années, l’activité économique principale des jeunes des villages à proximité des mangroves », constate Serge Sougohi de l’ONG “Afrique Verte Environnement”.

" Sauvegarder les écosystèmes peut représenter une saine opportunité économique profitable à toute la communauté", Armand Zegbeu, Coordonnateur du projet IPC

Selon Dr Issola Yacoub, Coordonnateur du Projet IPC pour la Convention d’Abidjan, cette mission a pour objectif d’obtenir l’implication des communautés pour la restauration des mangroves. « Sauvegarder cet écosystème est de première importance pour les populations riveraines, car au-delà des bénéfices en lien avec la pêche, les mangroves aident à leur sécurité et bien-être en régulant le climat, la qualité de l’air et la circulation de l’eau, en atténuant les risques de catastrophes naturelles, en luttant contre l’érosion côtière, etc. Les services rendus par ces écosystèmes de mangroves sont si importants que leurs effets se ressentent au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire » a-t-il fait remarquer.

La mission a échangé avec les communautés de Dabeda, de Niani de Lopoyo, des villages situés à proximité des sites qui enregistrent une forte dégradation des mangroves. « Nous sommes venus vous encourager à préserver les mangroves. Bien entretenues, c’est une opportunité économique qui peut profiter à toute la communauté », a insisté Armand Zegbeu, Coordonnateur National du projet IPC.

Sensibles à ce message, les communautés se sont engagées à contribuer à la restauration des mangroves. « Quand j’étais plus jeune, le village ne vivait que de la pêche des mangroves. Mais depuis quelques années, du fait de la coupe des palétuviers, les poissons n’arrivent plus à se reproduire et se font rares. Nos jeunes ne parviennent plus à vivre de la pêche. A travers ce projet, je m’engage à poursuivre la sensibilisation en vue de la restauration des mangroves. Nous plaidons également auprès du Gouvernement pour le financement d’activités génératrices de revenus pour nos jeunes », a déclaré M. Gnéba Daplé Rigobert, 82 ans, doyen du village de Niani et président du tribunal coutumier de Sassandra.

Un plaidoyer soutenu par M. Inago Stéphane, le président des jeunes dudit village qui sollicite l’appui du Gouvernement et des partenaires au développement pour le financement de projets piscicoles comme activités alternatives de subsistance, pour assurer la reconversion économique de la jeunesse du département. « Au nom de toute la jeunesse, je sollicite l’appui de nos autorités et des partenaires au développement pour nous venir en aide avec des projets d’élevage de poisson qui permettront à nos jeunes de se prendre en charge » a-t-il plaidé.

L’Initiative Pêche Côtière est une initiative de coopération mondiale financée par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et piloté par la FAO visant à améliorer la gestion des pêches et à préserver la biodiversité marine dans les zones côtières grâce à une amélioration de la gouvernance et au renforcement de la chaine de valeur des produits de la mer. Ce projet Initiative Pêche Côtière composante Afrique de l’Ouest (IPC-AO) est mis en œuvre en Côte d’Ivoire au Cap Vert et au Sénégal.