Les leaders de la nutrition en Côte d'Ivoire et sur le continent ont partagé leur vision sur l'Année 2022 pour la Nutrition de l'Union Africaine
L'UNICEF et le Gouvernement ont organisé le 24 mars 2022 une conférence de presse sur l'Année 2022 pour la nutrition de l'Union Africaine.
Des représentants de la Commission de l'Union Africaine, de la Banque Africaine de Développement, du Mouvement pour le renforcement de la nutrition (Scaling up Nutrition), des partenaires et du Secrétariat Général de la Présidence de la République de Côte d'Ivoire ont partagé leur vision lors de la conférence de presse sur l'Année 2022 pour la nutrition de l'Union Africaine et sa contribution à l’accélération de la réalisation des objectifs en matière de nutrition en Côte d’Ivoire et sur le continent.
L'Union africaine a désigné 2022 comme l'Année de la nutrition pour l'Afrique, dont la priorité est de "renforcer la résilience nutritionnelle et la sécurité alimentaire sur le continent africain : renforcer les systèmes agroalimentaires, de santé et de protection sociale pour accélérer le développement humain, social et économique." Cette initiative porteuse d’espoir pour les populations africaines qui souffrent de la faim et de la malnutrition, notamment pour les groupes les plus vulnérables que sont les femmes, et les enfants et les générations futures, a été largement saluée et célébrée à travers le monde.
L'initiative d’inscrire la nutrition au Sommet de l’Union Africaine, a été conduite par la République de Côte d'Ivoire. Les priorités sont notamment : (1) l'exploitation des connaissances pour éclairer la prise de décision, (2) le plaidoyer en faveur d'un engagement et d'un investissement accrus dans le domaine de la nutrition, (3) les partenariats et les plateformes de responsabilité mutuelle, et (4) le renforcement des capacités institutionnelles pour favoriser l'impact.
Par le biais d'activités entreprises par les pays du continent, elle vise à obtenir (1) la création d'une plateforme multisectorielle et multipartite pour la coordination des interventions en matière de nutrition ; (2) un cadre renforcé de suivi, d'évaluation et de redevabilité ; (3) de nouvelles promesses ambitieuses de soutien, de ressources et de financement des plans d'action ; et (4) une mise en œuvre accrue des instruments législatifs et financiers de l'Union africaine et des pays visant à relever les défis de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique.
Cet accent mis sur la nutrition arrive à un moment crucial pour les pays africains, qui ont profondément ressenti les impacts négatifs de la pandémie de COVID-19. Au-delà, l’Afrique continue de subir les effets néfastes du changement climatique et de l’environnement, des conflits, des catastrophes naturelles et des crises.
Si de nombreux progrès ont été réalisés en Afrique pour lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes, le rapport mondial sur la nutrition indique que les taux de malnutrition en Afrique restent préoccupants : Plus de 61 millions, soit 30,7 % d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance en Afrique et plus de 40 % des femmes en âge de procréer souffrent d’anémie.
En Côte d’Ivoire, si certains indicateurs nutritionnels comme ceux du retard de croissance (21%), l’allaitement exclusif (23,5%), et le surpoids infantile (1,5%) présentent une bonne tendance en vue d’atteindre les cibles mondiales d’ici 2025, les défis quant aux autres indicateurs sont réels, notamment celui de l’anémie avec 66% des femmes de 15-49 ans touchées et seulement 22% des jeunes enfants ont un régime alimentaire suffisamment diversifié.
"Outiller les institutions nationales et les communautés pour leur permettre de fournir des services et adopter des comportements adéquats en matière de nutrition et de développement de la petite enfance"
« Aucun pays ne peut parvenir à l’émergence durable et équitable sans investir dans son capital humain or la nutrition en est un élément essentiel. Ainsi, les Objectifs de Développement Durable ne pourront être atteints d’ici à 2030 sans action efficiente et durable pour assurer un état nutritionnel satisfaisant des populations, et particulièrement les femmes, les enfants et les plus vulnérables. C’est le lieu de saluer l’engagement de la Côte d’Ivoire au plus haut niveau en vue d’atteindre les objectifs nationaux en matière de nutrition et pour faire de l’année de la nutrition de l’Union Africaine, une réalité. La nutrition étant un des axes prioritaires de nos interventions le Système des Nations Unies pour le Développement, compte investir sur les cinq années que durera notre Cadre de Coopération avec la Côte d’Ivoire, plus de 25,5 milliards de FCFA dans des initiatives impliquant les institutions nationales et les communautés. Cela leur permettra de disposer de capacités renforcées pour fournir des services et adopter des comportements adéquats en matière de nutrition et de développement de la petite enfance. » a déclaré Philippe Poinsot, Coordonnateur Résident des Nations Unies en Côte d’Ivoire.
« L'Union Africaine a fait de la nutrition une priorité essentielle depuis l'époque de l'OUA, ce qui s'est traduit par la vision à long terme définie dans l'Agenda 2063. L'aspiration 1 souligne l'importance de la nutrition pour "l'Afrique que nous voulons" avec l'objectif 1 "Les Africains ont un niveau de vie élevé, une bonne qualité de vie, une bonne santé et un bon bien-être" et l'objectif 3 "Les citoyens sont en bonne santé et bien nourris et ont une espérance de vie supérieure à 75 ans". L'année 2022 de la nutrition en Afrique est l'occasion de reconnaître et de préserver les acquis du passé en matière de nutrition tout en préservant les efforts futurs pour atteindre les objectifs de la Déclaration de Malabo d'ici 2025. C'est également l'occasion de se réunir pour relever les défis interconnectés de la nutrition et de renforcer la capacité des communautés à s'adapter et à faire face aux défis actuels de la nutrition et de la sécurité alimentaire. L'Union Africaine reconnaît la nature multisectorielle de la nutrition et appelle à une approche multisectorielle. » a estimé Dr Margaret Agama, Directrice (par intérim) de la Santé et des affaires humanitaires à la Commission de l'Union Africaine.
La Banque africaine de développement (BAD) a joué un rôle actif dans l'engagement en faveur de la nutrition. Elle coordonne le groupe des leaders africains pour la nutrition. « La BAD, par le biais des Leaders africains pour la nutrition, s'est engagée à promouvoir un leadership politique de haut niveau pour s'assurer que les États membres de l'Union africaine augmentent les investissements dans la nutrition. L'augmentation des investissements dans la nutrition en Afrique est désormais une priorité absolue pour la Banque africaine de développement. Par exemple, la Facilité de financement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique (FFFNSA), récemment lancée, qui vise à mobiliser la facilité de financement dont l'objectif ambitieux est de mobiliser 1 milliard de dollars pour nourrir 200 millions de personnes en Afrique d'ici 2025, fournira des investissements supplémentaires pour lutter contre la malnutrition », a déclaré George Ouma, Coordinateur, Leaders africains pour la nutrition, Banque Africaine de Développement.
Mme Gerda Verburg, Sous-secrétaire générale des Nations unies et Coordinatrice du mouvement pour le renforcement de la nutrition, Scaling Up Nutrition, a activement soutenu la désignation de l'Année de la nutrition en Afrique a indiqué que le mouvement était prêt à soutenir les pays africains dans la mise en œuvre de leurs plans nationaux de nutrition et a souligné le rôle important que joue la nutrition dans le développement durable. « Je félicite la Côte d’Ivoire pour son leadership en matière de nutrition et l’heureux aboutissement du processus pour l’inscription de la nutrition comme thème de l’année 2022. Je félicite l'Union Africaine d'avoir établi une feuille de route claire et solide pour l'Année de la nutrition en Afrique 2022 », a-t-elle indiqué.
Relever le défi de la malnutrition passe par une approche systémique avec la transformation de l’ensemble des systèmes d’alimentation, de santé, d’éducation, de protection sociale, d’assainissement et d’approvisionnement en eau potable ainsi que l’hygiène : c’est en adoptant une approche concertée, multisectorielle et multipartite qu’il sera possible de parvenir à un changement durable. « La Côte d'Ivoire, pays appartenant au mouvement SUN, agit depuis longtemps sur cet enjeu et fait de la lutte contre la malnutrition une de ses priorités nationale, régionale et continentale dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de l’agenda 2063. Son engagement au niveau national s’est traduit par la mise en place du Conseil National pour la Nutrition, l’Alimentation et le Développement de la Petite Enfance (CONNAPE) et au niveau régional par la création du CERFAM en partenariat avec le PAM. Ces deux structures sont placées sous la haute autorité directe du Président de la République », a souligné Dr Patricia N’Goran, Conseillère à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire, Conseil National pour la Nutrition, l’Alimentation et le développement de la Petite Enfance (CONNAPE). Dr N’Goran a saisi l’opportunité de cette tribune pour exprimer tout sa gratitude à l’ensemble des partenaires au développement pour leur engagement constant.
En conclusion, le Représentant de l’UNICEF, Chef de file des partenaires techniques et financiers de la nutrition en Côte d’Ivoire, Marc Vincent, a rappelé l’importance de la nutrition pour les femmes et les enfants en particulier lors des mille premiers jours de leur vie. Il a lancé un appel aux médias pour la sensibilisation et la communication des messages en faveur de la nutrition et de régimes alimentaires sains pour tous. Les médias sont des partenaires clés en appui aux efforts de plaidoyer afin que la nutrition reste une priorité de l’agenda national et africain ainsi que pour chacune des parties prenantes.