La Journée des Nations Unies célébrée en Côte d’Ivoire sous le signe de la protection des droits des travailleurs domestiques
04 novembre 2022
Pour la Journée des Nations Unies, le personnel en Côte d'Ivoire a pris part à une rencontre sur la formalisation des droits des travailleurs domestiques.
Ce 3 novembre 2022, Sio Emilie est particulièrement heureuse dans les travées de l’auditorium de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). La raison, cette travailleuse domestique de 44 ans vient d’être déclarée à la protection sociale par son nouvel employeur, une fonctionnaire des Nations Unies en Côte d’Ivoire. « Depuis une trentaine d'années que j'exerce comme travailleuse domestique, aucun de mes anciens employeurs n’avait encore daigné me faire bénéficier d’un minimum de garantie sociale. Aujourd’hui est un grand jour pour moi. », se réjouit-elle.
Comme Emilie, une dizaine de travailleuses domestiques ont été symboliquement invitées à prendre part le 3 novembre 2022 à la célébration de la Journée des Nations unies. Cette année, le Système des Nations Unies pour le Développement (SNUD) en Côte d’Ivoire a placé la commémoration du 77ème anniversaire de la création des Nations Unies sous le signe de la protection des droits des travailleurs domestiques, une des catégories de travailleurs les plus vulnérables. Aussi, les membres du personnel de la quinzaine d’agences composant le SNUD en Côte d’Ivoire ont-ils participé à une session d’information sur la formalisation des travailleurs domestiques.
Réaffirmer les valeurs fondamentales de la Charte des Nations Unies
« Cette célébration de la Journée des Nations a été l’occasion pour nous de réaffirmer nos valeurs inscrites au cœur de la Charte des Nations Unies. Nos valeurs communes d’équité, de justice sociale et de solidarité, toutes en phase avec notre engagement de ne laisser personne de côté. Et puisque nous avons un devoir d’exemplarité en matière d’application des principes du travail décent, nous avons choisi de mobiliser le personnel des Nations unies autour de cette session d’information en faveur de la formalisation des droits des travailleuses et travailleurs domestiques », a indiqué Philippe Poinsot, Coordonnateur Résident des Nations Unies en Côte d’Ivoire qui a salué l’engagement des fonctionnaires qui ont déclaré leur personnel domestique à l’issue de cette session.
Animée par des experts de la CNPS et de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), la rencontre d’échanges a permis de discuter de plusieurs sujets dont notamment les obligations des employeurs vis-à-vis de leur personnel domestique, la documentation à fournir lors de la déclaration à la protection sociale, le prélèvement des cotisations et le contenu des prestations sociales dont bénéficie le travailleur domestique. « Ces échanges avec le personnel des Nations unies s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de sensibilisation à l’échelle nationale que nous avons lancée afin d’encourager tous les employeurs à s’engager vers la formalisation des travailleurs domestiques », a précisé le Directeur du recouvrement à la CNPS, Roland N’guetta, avant d’ajouter « cette campagne vise à promouvoir les droits des travailleurs domestiques en favorisant leur accès à des soins de santé de qualité à moindre coût à travers la Couverture Maladie Universelle (CMU) et en leur faisant bénéficier des prestations sociales légales en matière de maternité, de retraite, d’invalidité, de décès, d’accidents de travail et d’allocations familiales »
Œuvrer à réduire le déficit de travail décent pour les travailleurs domestiques
La rencontre a été l’occasion pour les travailleuses domestiques invitées de témoigner de leurs difficiles conditions de vie et de travail et des avantages qu’elles espèrent tirer de la formalisation de leurs droits. « La multitude des tâches à exécuter, les longues heures de travail, l’absence de jours de repos ou de congés, les bas salaires, les violences sexistes exacerbent la pénibilité de ce métier essentiellement exercé par les femmes. C’est pourquoi nous nous réjouissons de la mobilisation du personnel du Système des Nations Unies et nous espérons que vous serez nombreux à faire enregistrer vos travailleuses domestiques à la CNPS et à la CNAM afin de leur assurer l’accès aux soins de santé, à la protection de la maternité et à une retraite garantie », a plaidé leur représentante, Marcelline Douai, Coordinatrice du Comité intersyndical pour la transition vers l’économie formelle (CITEF).
Cette campagne de sensibilisation initiée par le Ministère de l'Emploi et de la Protection Sociale bénéficie du soutien technique de l’agence des Nations unies spécialisée en droit du travail, l’Organisation internationale du Travail (OIT). « Réduire le déficit de travail décent pour les travailleurs domestiques constitue une des portes d’entrée pour faciliter la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. Nous continuerons à appuyer cette priorité du Gouvernement en Côte d’Ivoire », a déclaré Frédéric Lapeyre, Directeur du Bureau pays de l’OIT pour la Côte d’Ivoire.
Dans de nombreux pays, la plupart des travailleurs domestiques ne sont pas encore reconnues en tant que travailleurs à part entière. Pour lutter contre cette absence de droits dont ils sont victimes, l’OIT a adopté en 2011, une convention sur le travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques. Cette convention n°189 prescrit que les travailleurs de ce secteur disposent des mêmes droits fondamentaux au travail que les autres travailleurs.