Des producteurs de maraîchers dans la région de Bouaké partagent leurs expériences en agroécologie
Un atelier paysan a réuni des producteurs de maraîchers à Bouaké pour échanger sur les avantages de l'agroécologie et sa mise à échelle.
Ce 9 mars 2023, près d’une quarantaine de productrices et producteurs de maraîchers en compagnie d’agents de l’Agence Nationale de Développement Rural (ANADER) et de la Fondation Saemaul, sont réunis dans le champ du président de la Coopérative Yafitenou de Tchimou-Assékro, dans la sous-préfecture de Bouaké (centre-nord). Objectif de cette session dénommée “atelier paysan” organisé par l’unité de coordination du Projet d’appui au développement des filières agricoles (PADFA) du FIDA, améliorer les connaissances des producteurs sur les techniques agroécologiques dans le maraîchage grâce à un partage d’expériences.
L’atelier débute par une visite du champ du président de la coopérative, Kouakou Simon. L’occasion pour le chef de la coopérative de longuement expliquer aux participants le processus de préparation des engrais bio, des terres pour la production de maraichers avec les pratiques agroécologiques et des pépinières.
Ensuite, deux agents de l’ANADER développent un exposé sur l’importance et l’impact de l’agroécologie. « Les pratiques agroécologiques consistent à utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement. L’agroécologie présente plusieurs avantages dont la faible utilisation d'intrants externes, la réhabilitation de terres dégradées l’accroissement du rendement des cultures notamment dans les zones agroécologiques plus fragiles et donc principalement dans les pays à faible revenu », explique Traoré Karidja de l’ANADER. « Après leur avoir présenté le concept, nous avons échangé avec les producteurs sur son importance pour l’environnement, ses impacts (sur les êtres humains et les ressources naturelles) et quelques pratiques agroécologiques. »
Cette présentation donne lieu à des témoignages de participants sur les résultats économiques et environnementaux obtenus de l’utilisation des pratiques agroécologiques dans le maraîchage sur leurs périmètres.
« Avec ma parcelle de 600 m2, en 2021, j’avais investi dans la production de tomates en utilisant la pratique conventionnelle ; les résultats n’ont pas été à la hauteur de mes attentes, les tomates produites ayant presque toutes pourri. Un an plus, tard, après avoir adopté la pratique agroécologique sur le même périmètre, j’ai réalisé 13 planches et obtenu 2,158 pieds de tomates avec une récolte de 2,8 tonnes et un chiffre d’affaires de plus de 1,5 millions FCFA. C’est la première fois que je vis une telle expérience et je suis reconnaissant au PADFA et à la Fondation Saemaul pour cette formation en agroécologie dont j’ai bénéficiée », témoigne N’dri Kouakou, membre de l’Organisation de production agricole OREXA.
Pour Silué Vamara, formateur interne à la Coopérative Wobin de Kafalogo, les formations en pratiques agroécologiques ont sensiblement amélioré les facteurs de production maraîchère. « D’abord, l’utilisation abusive d’engrais chimiques et d’herbicides avait appauvri nos sols ; du coup, nos productions étaient très faibles, de même que notre rendement sur une superficie pourtant plus grande de 5,5 ha. Depuis que nous avons commencé à utiliser les pratiques agroécologiques, notre sol est en train d’être restauré et nous avons pu produire 25 tonnes d’oignons sur 2 ha. Les pratiques agroécologiques enrichissent le sol et nous épargnent des maladies. »
L’atelier paysan a également permis aux participants de réfléchir à la mise à échelle des pratiques agroécologiques afin d’amener plusieurs producteurs de maraîchage à les utiliser. Dans ce sens, ils ont identifié les obstacles qui freinent le développement à grande échelle de l’agroécologie tels que le manque d’intrants comme la balle de riz pour la production en grande quantité de compost, la faible main d’œuvre, l’insuffisance d’eau et de moyens financiers pour le transport des intrants. Aussi, ont-ils fait certaines recommandations dont l’utilisation de coques d’arachide, de graines de karité et d’haricot et de copeaux de bois, pour la fabrication, la pratique du paillage et des moyens d’incitation des exploitants à produire du compost à travers notamment des coopératives dédiées à la production de compost.
Pour poursuivre le partage d’expériences, un groupe virtuel à travers une application mobile multiplateforme a été mis en place entre les producteurs de maraîchers.
Le PADFA du FIDA vise à renforcer les activités après récolte (conditionnement, entreposage, transformation et commercialisation) de trois filières stratégiques : riz, légumes et mangue. Il couvre les régions de la Bagoué, du Gbêkê, du Hambol, du Poro et du Tchologo, où le niveau de production est bas.