Kouassi Kouassi Lopez, 39 ans, est boucher marin (découpe de poisson) depuis 14 ans sur différents marchés aux poissons d’Abidjan et récemment à Locodjro dans la commune de Yopougon. Marié et père de trois enfants, il dépend entièrement de cette profession pour subvenir aux besoins de sa famille.
Une nouvelle voie : De l'école au marché aux poissons
Lopez a entamé sa carrière dans le monde du poisson en 2009, après avoir interrompu ses études en CM2 et quitté sa ville natale d'Hiré, située au centre-ouest de la Côte d'Ivoire, pour Abidjan. Après plusieurs tentatives infructueuses de trouver un emploi, il se lie d’amitié avec un résident de son quartier, un boucher marin sur le marché du poisson d’Abobodoumé à Yopougon. Il apprécie rapidement ce métier et réussit à subvenir à ses besoins grâce à ses compétences. "C'est un métier comme un autre qui permet de gagner sa vie. Grâce à cette activité, j’arrive à m’occuper de ma famille et dans mon quartier, je bénéficie du respect des autres", confie-t-il avec un sourire.
Les défis du métier : L'aube tôt le matin et les périodes creuses
Bien que lucratif, le métier de boucher marin, n'est toutefois pas sans ses défis selon Lopez. "Pour accroître ses revenus, il faut être au travail dès 5 heures du matin pour obtenir suffisamment de poissons. Le thon est la principale ressource avec laquelle nous travaillons. Lorsque la pêche est bonne, je peux gagner jusqu'à 15 000 francs par jour. Si vous êtes compétent dans la découpe, les mareyeuses te font confiance et vous confient davantage de poissons", explique-t-il.
Toutefois, ce qu'il redoute le plus dans son métier, ce sont les périodes creuses, lorsque le poisson se fait rare. "Lorsqu'il n'y a pas de poisson, je passe mes journées à la maison en espérant que la situation s'améliore. Mais je suis fier de mon métier parce qu'il m'a rendu responsable", ajoute-t-il.
Un métier en évolution : Formation et entraide au sein de la COMATPHCI
Membre de la coopérative des mareyeuses et transformatrices des produits halieutiques de Côte d’Ivoire (COMATPHCI), Lopez a bénéficié du renforcement des capacités des membres de sa coopérative à travers le projet Initiative Pêche Côtière (IPC) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO. « Avant, je travaillais dans le désordre sans aucune organisation, ni sécurité mais grâce ce projet, j’ai appris l’importance de l‘hygiène sur mon lieu de travail, la bonne organisation et la gestion financière. La coopérative m'offre également un encadrement solide et une entraide entre les membres » se réjouit-il.
Fort des connaissances acquises durant ces formations, Lopez envisage de perfectionner son métier de boucher marin. Il est convaincu que c'est grâce à cette profession qu'il pourra offrir une meilleure éducation à ses enfants dans des universités de renom.
À l'occasion de la Journée Mondiale de l'Alimentation célébrée chaque 17 octobre, Lopez insiste sur l'idée que "nous récoltons toujours ce que nous semons", et que chaque métier peut être honorable du moment qu'il rend responsable et digne. Il encourage les jeunes de sa génération à se détourner de la facilité et à considérer les opportunités offertes par le métier du "poisson", qui, selon son expérience, peut être une source de subsistance stable.