Discours de SEM Léon Kacou Adom, Ministre des Affaires Etrangères, de l'Intégration africaine et des Ivoiriens de l'extérieur au Colloque pour préparer le Sommet de l'avenir
Le point central de l'édition 2023 de la Journée des Nations Unies en Côte d'Ivoire a été le colloque pour préparer le Sommet de l'avenir prévu en 2024.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais me réjouir en ce jour anniversaire de l’entrée en vigueur de la charte de l’ONU, de la tenue de ce colloque sur le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres, intitulé « Notre Programme Commun », dans la perspective du Sommet de l’avenir prévu en septembre 2024, à New York.
Mesdames et Messieurs,
Plus de 75 ans après sa création, l’ONU dont l’objectif, aux termes de sa charte, est de promouvoir un monde de paix et de prospérité, est à la croisée des chemins même si on doit lui reconnaitre quelques succès.
Les grands chocs mondiaux tels que la covid-19, la guerre en Ukraine, les crises climatique, énergétique, alimentaire, économique et financière, mettent nos États et institutions communes à rude épreuve.
Face à ces défis complexes et intriqués qui font peser de réelles menaces sur notre planète et l’humanité, il est impérieux de repenser l’action multilatérale, dans une parfaite solidarité si nous voulons les relever efficacement.
C’est dans cette dynamique que s’inscrit le Rapport du Secrétaire général intitulé "Notre Programme Commun", produit à la demande des États membres.
Dans ce catalogue de propositions ambitieuses, le Secrétaire Général, Monsieur Antonio Guterres appelle à agir dans un esprit de coopération renforcée et non d’antagonisme, pour construire un monde pacifique et prospère qui ne laisse personne de côté.
Le Sommet du futur représente donc une occasion historique pour les États membres de s’approprier les recommandations pertinentes contenues dans " Notre programme commun" et de donner des orientations concrètes pour apporter des réponses innovantes et efficaces aux défis prégnants.
La réaffirmation des buts et principes de la charte des Nations Unies ainsi que l’accélération de la mise en œuvre de nos engagements en matière de paix et sécurité et de développement durable, avec l’humain au cœur de notre action, devraient constituer l’objectif majeur de ce Sommet.
En effet, alors que nous célébrons la journée des Nations Unies, le contexte géopolitique actuel ainsi que la prégnance de crises multiformes transnationales, nous commandent de revisiter les buts, principes et objectifs qui ont présidé à la naissance de notre organisation commune.
Il nous faut donc réaffirmer les valeurs cardinales de la Charte et renouveler notre engagement envers celles-ci, afin de recréer la confiance et le consensus à l’origine de l’espérance née de la création des Nations Unies.
Mesdames et Messieurs,
Maintenir la paix et la sécurité dans le monde est un des objectifs fondamentaux de la Charte de l’ONU et un préalable à la mise en œuvre du programme de développement des Nations Unies et de ses 17 objectifs.
C’est pourquoi nous nous réjouissons que "Notre Programme commun" érige au rang de priorités la prévention, l’efficacité et la cohérence des opérations de maintien de la paix, ainsi que l’approche centrée autour du "continuum paix et sécurité" qui doit permettre une meilleure intégration des logiques de développement durable à long terme dans les règlements des crises.
Sous ce rapport, nous saluons les propositions du Secrétaire Général des Nations Unies contenues dans le nouvel agenda pour la paix et dont l’objectif in fine est de résoudre les difficultés liées au maintien de la paix et de promouvoir une nouvelle génération de mission d’imposition de la paix et d’opérations antiterroristes, dirigées par des forces régionales et bénéficiant d’un financement garanti et prévisible.
C’est donc le lieu de renouveler la requête de l’Union Africaine pour un tel financement onusien, sous le chapitre 7, des opérations africaines de soutien à la paix. Mon pays qui est un contributeur majeur aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avait porté un projet de résolution sur cette initiative, lors de son mandat au Conseil de sécurité, de 2018 à 2019.
Mesdames et Messieurs,
Avec la paix et la sécurité internationale, le développement durable qui y est corrélé doit constituer la trame des débats lors du prochain sommet du futur.
A cet égard, des orientations concrètes sur l’accélération de la mise en œuvre des agendas 2030 des Nations Unies et 2063 de l’Union Africaine ainsi que celle de l’Accord de Paris sur le climat, devraient permettre d’assurer la relance post-covid et d’améliorer la vie quotidienne de nos populations.
A cette fin, la réflexion devrait porter sur la question de la mobilisation des financements concessionnels à long terme, la restructuration de la dette pour la rendre soutenable, le financement en particulier de la lutte contre le réchauffement climatique avec l’opérationnalisation du fond d’adaptation et celui des pertes et dommages.
Les conclusions du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial et la proposition du Secrétaire Général des Nations Unies, d’un plan doté de 500 milliards de dollars US par an pour soutenir la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD) dans les pays du Sud, seront à cet égard, une contribution importante aux débats.
Mesdames et Messieurs,
Afin d’appuyer les efforts collectifs en matière de paix, de sécurité et de développement durable, une réforme de la Gouvernance mondiale est plus que jamais nécessaire.
Elle passe non seulement par la revitalisation de l’ONU, notre organisation commune, mais aussi de l’architecture financière internationale, pour les rendre aptes à répondre efficacement aux mutations géopolitiques et économiques actuelles.
S’agissant des Nations Unies, si la revitalisation de l’écosystème pour le développement est à saluer, l’allocation de ressources prévisibles et durables aux Coordonnateurs Résidents leur assurerait une plus grande efficacité.
Enfin, la réforme souhaitée, devra également donner la place qu’elle mérite à l’Afrique qui concentre l’essentiel des interventions onusiennes.
Mesdames et Messieurs,
Je suis convaincu que les échanges fructueux et constructifs que nous aurons autour des propositions du Secrétaire Général des Nations Unies, reprises dans "Notre Programme Commun", pour préparer le Sommet de l’avenir, déboucheront sur des propositions concrètes qui nous feront progresser vers le monde que nous souhaitons.
C’est sur cette note d’espoir que je conclurai mon propos, tout en réaffirmant la disponibilité de la Côte d’Ivoire à travailler avec toutes les parties prenantes pour atteindre nos objectifs communs et faire du Sommet de l’avenir un véritable succès.
Je vous remercie de votre aimable attention.