Une journée de plaidoyer au Parlement pour le financement des soins médicaux pour les femmes victimes de violences
ONU Femmes a organisé une journée de plaidoyer auprès des parlementaires pour financer les soins médicaux des femmes victimes de violences.
Le 13 décembre 2023, une étape importante a été franchie dans la lutte contre la violence basée sur le genre en Côte d'Ivoire, avec la tenue d’une journée parlementaire dédiée au financement des soins médicaux pour les victimes.
Présidée par le vice-président de l'Assemblée nationale, Sidiki Konaté, une séance plénière s'est déroulée au sein de l'hémicycle de l'Assemblée nationale pour attirer l'attention sur l'urgence d'un financement adéquat des soins médicaux pour les survivantes. La ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfant, le Représentant des Nations Unies en Côte d'Ivoire, la Représentante de l'ONU Femmes, et d'autres acteurs clés ont participé à cette réunion, démontrant ainsi la diversité des parties prenantes impliquées dans cette cause.
Selon ONU Femmes, les obstacles financiers entravent l'accès à la justice pour les victimes de violence. En mettant l'accent sur le rôle central du certificat médical dans le processus judiciaire ivoirien, l'organisation souligne que la prise en charge médicale doit aller au-delà de cette formalité. « Le paquet minimum de services pour intervenir auprès des femmes et des filles victimes de violence englobe des soins de santé complets, des interrogatoires et des examens, et nécessite donc des investissements substantiels », a précisé Antonia Sodonon, représentante résidente de l’ONU Femmes.
Programmer un budget pour la prise en charge des actes médicaux pour les survivantes de VBG
La ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfant, Nasséneba Touré, a, elle, insisté sur l'importance cruciale d'une prise en charge médicale adéquate pour chaque victime, déplorant que de nombreuses femmes se voient refuser des soins parce que sans moyens financiers. Les données de la dernière Enquête Démographique et de Santé de 2022 révèlent une réalité préoccupante, avec 6 040 cas de violences basées sur le genre enregistrés, dont 954 viols et 1 391 agressions, 26 mutilations génitales féminines, et 1 052 cas de violence psychologique et émotionnelle. Ces chiffres justifient que des investissements substantiels soient consentis dans la prévention et la lutte contre les violences basées sur le genre.
Antonia Sodonon a donc a appelé à un soutien accru des élus et à une utilisation efficace du pouvoir politique pour concrétiser le financement nécessaire. Les parlementaires, pour leur part, ont souligné l'importance de ne laisser personne de côté, mettant en lumière des groupes vulnérables tels que les femmes issues de minorités, les réfugiées, les migrantes, etc.
Face à cette urgence, le consensus a été unanime et les priorités ont été établies. Il a été décidé de programmer en urgence un budget gouvernemental pour la prise en charge des actes médicaux en faveur des victimes de violences faites aux femmes et aux filles (VBG) et de mettre en œuvre un programme intégré basé sur trois piliers :
- la prévention en agissant sur l’éducation et le changement des comportements
- la prise en charge des victimes-survivantes en assurant leur réintégration sociale et économique
- un dispositif dissuasif de protection et de poursuite judiciaire des violeurs.
Pour sa part, le Chef du Bureau du Coordonnateur Résident des Nations Unies, El Kebir Alaoui, a confirmé l’urgence de répondre au problème du financement des certificats médicaux tout en insistant sur la nécessité d’une approche holistique et intégrée de la lutte contre la VBG. Il a réitéré l’engagement du Système des Nations unies à continuer à accompagner cette priorité nationale à travers un Programme conjoint de lutte contre les VBG en cours de formulation.
En définitive, les députés et sénateurs ont exprimé un engagement à contribuer à l'éradication de la violence basée sur le genre. Ils ont promis de consacrer une attention particulière à ces questions lors de l'exercice du contrôle parlementaire en Côte d'Ivoire. Pour marquer cet engagement, une déclaration a été adoptée à l'issue de leurs délibérations qui réaffirme leur volonté de promouvoir les droits humains des femmes et des filles, ainsi que l'égalité entre les sexes, et d’éliminer la violence basée sur le genre en Côte d'Ivoire.
Cette mobilisation parlementaire qui s'inscrivait dans le cadre de la campagne des 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes marque un pas décisif vers un avenir sans violence pour toutes les femmes et filles en Côte d’Ivoire.