Campagne "Carton Rouge" : mobiliser davantage les médias et les célébrités sportives dans la prévention et la lutte contre les violences basées sur le genre
23 janvier 2024
La campagne 'Carton Rouge' mobilise médias et sportifs pour combattre les violences basées sur le genre en Côte d'Ivoire et dans la sous-région.
En marge de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN 2023) en Côte d’Ivoire, un déjeuner de presse a réuni le 22 janvier 2024 à Abidjan, des personnalités du sport, des médias et des organisations engagées dans la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG). Organisé par le Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, avec le soutien du Système des Nations Unies en Côte d'Ivoire et du African Renaissance and Diaspora Network (ARDN), l'événement a dévoilé les contours de la campagne "Carton Rouge" lancée en décembre 2023 à Abidjan. « La campagne 'Carton Rouge' contre les VBG s’inscrit dans cette dynamique qui vise à éveiller les consciences, à mobiliser davantage et élargir les partenariats et créer la synergie d’actions pour une sous-région où aucune violence basée sur le genre et aucune pratique néfaste ne sera tolérée », a indiqué Nassénéba Touré, la Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant. Elle est revenue sur l'engagement de la Côte d'Ivoire dans la lutte contre les VBG matérialisé par la Déclaration d'Abidjan, dénommé « SAVE » (Sanctionner les Actes de VBG et les pratiques Équivalentes ») et signée par plusieurs pays africains lors du lancement le 12 décembre de la campagne ‘Carton rouge’. « La Déclaration d’Abidjan signée par la Côte d’Ivoire, le Benin, la Sierra Leone, la Guinée, le Congo et le Cameroun vise à accélérer la lutte contre les VBG en encourageant des initiatives communes au niveau régional. Elle prescrit dix engagements clés pour accélérer la lutte contre les VBG et bénéficie du soutien de personnalités politiques et culturelles de premier plan », a-t-elle précisé.
Le pouvoir des figures sportives et des médias dans la sensibilisation et l’action
Par leur exemple et la force de leurs messages, les célébrités sportives et les médias peuvent jouer un rôle crucial dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). L’ivoirienne Ruth Gbagbi, double championne olympique et du monde de Taekwondo, a souligné le rôle que peuvent jouer les arts martiaux dans la lutte contre les VBG et la reconstruction des survivantes, en offrant un espace d’expression physique et mental. « Les arts martiaux sont à considérer comme des catalyseurs de changements, des alliés dans la lutte collective contre les violences basées sur le genre. Les valeurs de discipline et de persévérance qu’ils véhiculent sont des outils puissants pour sensibiliser et restaurer la confiance chez les victimes tout en contribuant à leur reconstruction. En embrassant les enseignements et les valeurs de ces disciplines, nous pouvons bâtir une société plus forte, plus équilibrée et plus résiliente », a-déclaré Ruth Gbagbi, par ailleurs, présidente de la Commission des athlètes de l’Union africaine du Taekwondo. Elle a également insisté sur le fait que les arts martiaux peuvent prévenir les violences, en fournissant des compétences pratiques d’auto-défense aux femmes.
Les médias présents au déjeuner de presse, ont été invités à s’engager davantage dans la campagne. « Votre implication est essentielle pour diffuser des messages de sensibilisation et surtout promouvoir les bonnes pratiques ainsi que les histoires à succès obtenus dans la lutte contre les VBG », a relevé Philippe Poinsot, Coordonnateur résident des Nations Unies en Côte d’Ivoire qui dans le contexte de la CAN, est revenu sur les initiatives des différentes agences des Nations Unies pour contribuer à un héritage matériel et immatériel durable de la compétition. Pour sa part, la Représentante résidente de l’UNFPA en Côte d’Ivoire, Cécile Compaoré, a insisté sur le soutien de son agence dans la mise en route de la campagne. « Nous avons apporté un financement de 55 millions de FCFA pour la mise en œuvre d'activités de sensibilisation pendant la CAN et au-delà. En outre, un dossier d’investissement a été élaboré avec l’appui de l’UNFPA qui chiffre à 15 milliards de dollars américains les financements nécessaires pour l’élimination des VBG d’ici à 2030 en Côte d’Ivoire », a-t-elle précisé.
La diaspora pour amplifier la campagne contre les VBG
L'ARDN, en tant que partenaire de la campagne 'Carton Rouge', s'efforce d'étendre son influence à l'échelle internationale, en mettant particulièrement l'accent sur la diaspora noire américaine aux États-Unis. « Le réseau ambitionne de créer un partenariat avec l'association nationale des journalistes noirs américains, regroupant environ 4 000 professionnels, afin de diffuser les messages et les initiatives de la campagne à travers les États-Unis. De plus, l'ARDN compte faciliter des échanges entre les élus ivoiriens et les maires afro-américains. Sur les 365 maires noirs recensés aux États-Unis, l'ARDN envisage de jumeler douze municipalités américaines avec une douzaine de villes ivoiriennes. Par ailleurs, des partenariats formels seront établis entre une centaine d'universités américaines et des institutions d'enseignement supérieur en Côte d'Ivoire», a révélé le président de l’ARDN, Djibril Diallo.
Alors que la campagne "Carton Rouge" se poursuit jusqu'en fin 2024, le déjeuner de presse a permis de partager des premiers résultats encourageants, avec une adhésion significative du public. « Nous avons profité de la CAN pour lancer une campagne de signatures du public contre les VBG. Plus de 2,000 signatures ont été enregistrées en ligne et environ 300.000 autres enregistrés physiquement, notamment dans les stades et autres lieux de regroupement des supporters, à l’occasion de la CAN », a souligné la Ministre Nassénéba.
En Côte d’Ivoire, en 2022, près de 8.000 cas de VBG ont été rapportés et pris en charge dont près de 79% perpétrés sur des enfants de moins de 18 ans. De janvier à septembre 2023, environ 5.300 cas de VBG ont été répertoriés et pris en charge par les services nationaux et les organisations de lutte contre les VBG.