Discours de Mme Hélène N’Garnim-Ganga, Coordonnatrice Résidente des Nations Unies - Retraite annuelle de planification stratégique des chefs d’agence des Nations Unies en Côte d’Ivoire
Discours de bienvenue de la Coordonnatrice résidente à l'occasion de la retraite annuelle des chefs d'agence des Nations Unies en Côte d'Ivoire (10-12 fév. 25)

Madame le Ministre de l’Économie, du Plan et du Développement,
Monsieur le Directeur de Cabinet de Madame le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux de la Coopération au Développement et du Plan,
Cher-e-s chef/fes des agences des Nations Unies en Côte d’Ivoire,
Cher-e-s collègues,
C'est avec plaisir que je vous souhaite la traditionnelle Akwaba à cette retraite annuelle de planification stratégique du Système des Nations Unies en Côte d’Ivoire.
Madame le Ministre, c’est un réel honneur de vous compter parmi nous aujourd’hui. Votre présence illustre une fois de plus l’engagement du Gouvernement à renforcer une collaboration stratégique avec les Nations Unies. Au nom de l’Équipe-Pays, je vous remercie pour votre leadership dans la mise en œuvre et le suivi du Cadre de Coopération des Nations Unies pour le Développement Durable (CCDD) 2021-2025, qui arrive à son terme, ainsi que pour votre appui constant dans l’élaboration du futur CCDD 2026-2030, que nous espérons finaliser et signer dans les mois à venir.
Je tiens également à saluer le travail remarquable de vos équipes, en particulier la Direction Générale de la Coopération au Développement et la Direction Générale du Plan, dans la mise en œuvre des différentes étapes de la feuille de route pour la formulation du prochain CCDD et pour la mobilisation des acteurs nationaux ainsi que le partage précieux d’informations sur le processus en cours de formulation du PND 2026-2030.
Enfin, je remercie mes collègues chefs d’agence et les membres du Bureau de la Coordonnatrice Résidente, pour leur présence et leur engagement en faveur d’une action conjointe des Nations Unies encore plus efficace.
Mme le Ministre, cher-e-s collègues,
Cette retraite annuelle est particulière à plusieurs titres.
D’abord, parce qu’elle s’inscrit dans une phase de transition entre le CCDD 2021-2025 et le futur CCDD 2026-2030, en cours d’élaboration. Son échéance, tout comme celle du PND 2026-2030, coïncidera avec l’échéance de l’Agenda 2030 pour le développement durable
Ensuite, elle se déroule dans un contexte mondial de profondes mutations, marqué par des défis multiples : cout des ressources, raréfaction des financements bonifiés, urgences climatiques et crises humanitaires. Face à ces enjeux, nous devons non seulement nous adapter, mais aussi innover et repenser nos approches.
Enfin, parce que cette retraite adopte un format plus ciblé. Contrairement aux éditions précédentes, elle est essentiellement consacrée à des discussions stratégiques et ne comportera pas de visites de terrain. Pour moi, en tant que Coordonnatrice Résidente, dont c’est la première retraite annuelle des chef/es d’agence, il m’a semblé important, compte tenu du contexte dans lequel nous sommes de nous recentrer sur les quelques questions clés qui nous guideront au cours des prochaines années. J’espère toutefois que ce nouveau format ne portera pas atteinte à l’esprit de convivialité qui a prévalu jusqu’alors et qu’elle sera aussi fructueuse que les précédentes retraites.
Durant ces trois jours, nous ferons le bilan de la mise en œuvre du PND et du CCDD 2021-2025, en mettant en lumière les résultats obtenus, les impacts générés en lien avec les ODD, ainsi que les défis et enseignements à tirer.
Nous engagerons également une réflexion approfondie sur la transition vers le futur CCDD 2026-2030, en intégrant outre les évolutions du contexte international et national avec le nouveau PND, les enjeux de financement. Nous alignerons également nos stratégies sur le Pacte pour l’avenir adopté en septembre 2024, les six transitions clés pour l’accélération des ODD, le Funding Compact et l’initiative UN 2.0.
Cette retraite sera aussi l’occasion de renforcer l’efficacité de nos programmes conjoints, de définir les priorités stratégiques de l’Équipe-Pays pour 2025 et d’approfondir la collaboration entre les agences et le Bureau de la Coordonnatrice Résidente. Enfin, ces échanges prépareront notre prochaine réunion du Comité Directeur Conjoint afin d’assurer une mise en œuvre concertée et efficace de notre action en soutien aux priorités nationales de développement.
Madame le Ministre, cher-e-s collègues,
Permettez-moi de saluer la dynamique de développement ambitieuse de la Côte d’Ivoire, avec des avancées majeures en matière de diversification économique, de sécurité alimentaire, d’accès aux services sociaux et de gouvernance. Le Système des Nations est honoré de pouvoir y contribuer. L’évaluation indépendante du CCDD 2021-2025 a en effet, mis en évidence l’impact de notre action sur la résilience économique et sociale, la diversification économique et la sécurité alimentaire, l'accès aux services sociaux, la gouvernance et la gestion des crises humanitaires. Notre action conjointe a également permis d’appuyer le gouvernement sur de nombreux fronts, notamment l’accueil des demandeurs d’asile et l’assistance aux populations vulnérables.
Le futur CCDD 2026-2030, aligné sur le nouveau PND, visera à consolider les acquis et accélérer la réalisation des ODD. Il sera plus ciblé, passant de 5 à 3 axes stratégiques, de 8 à 3 résultats escomptés, et de 28 à 9 produits. Cela signifie une approche plus intégrée et qui garantisse une plus grande efficacité et un alignement renforcé avec les priorités nationales issues du PND et avec les ODD. Pour ce faire, nous devons nous concentrer sur une approche pragmatique et stratégique alignée sur le PND mais également sur les 6 transitions clés identifiées par les Nations Unies comme des accélérateurs pour la mise en œuvre des ODD, comme recommandé par la Comité Directeur Conjoint de mai 2024. Pour rappel ces six transitions sont :
- Les systèmes alimentaires
- L'accès à l'énergie
- La connectivité digitale
- L'éducation
- L'emploi et la protection sociale et
- Le changement climatique et la perte de biodiversité
La Cote d’Ivoire souhaite s’est fixé comme objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à horizon 2030. Son grand défi est, se faisant, de ne laisser personne de côté. Si l’on en croit les données de la BM, 1% de croissance du PIB par habitant se traduit par une baisse relative du taux de pauvreté de seulement -0.6%. C’est à dire moins que dans le reste de l’Afrique et du monde. De même si la très dynamique croissance économique a contribué à la réduction de la pauvreté dans les zones urbaines, cet effet bénéfique ne s’est pas matérialisé dans les zones rurales.
Le développement du capital humain, l’amélioration de l’IDH demeure également une gageure.
Mme le Ministre, vous l’avez souligné récemment dans d’autres fora, la Côte d’Ivoire malgré sa bonne tenue économique est encore confrontée à des défis. Je comprends de l’évaluation indépendante du CCDD 2021-2025 que les agences des Nations Unies ont été, en cumulé, le premier contributeur de ressources dans la catégorie des dons avec 50,8% soit environ 220,3 sur les 433,3 milliards mobilisés entre 2021 et 2022, selon le rapport sur la coopération pour le développement de 2023. Cependant, comme je le disais il y a quelques jours à mes collègues, le système des Nations Unies n’est pas un bailleur, il n’est pas non plus un opérateur, il est un partenaire de la Côte d’Ivoire dont le seul objectif est d’apporter sa pierre à l’édifice des ODD en Côte d’Ivoire.
Or ces transitions ne peuvent être réalisées sans moyens efficaces de mise en œuvre, y compris des progrès radicaux dans l'utilisation de la science, de la technologie et de l'innovation, en comblant le déficit de données et en renforçant la redevabilité des ODD. Cela implique également de renforcer la gouvernance en améliorant les capacités du secteur public à mettre en œuvre les mesures requises et à mobiliser les investissements nécessaires. Cela implique enfin que toutes les parties prenantes, gouvernement, secteur privés, investissements privés orientent leur financement vers l’atteinte des ODD et que ces derniers puissent être quantifiés avec des indicateurs de performances communs permettant de mesurer les résultats atteints.
Madame le Ministre,
Le processus de formulation du CCDD 2026-2030, lancé en juillet 2024, est bien avancé. Nous avons finalisé l'évaluation du cadre actuel ainsi que l'élaboration de l'Analyse Commune de Pays. La priorisation stratégique est en bonne voie, avec trois piliers identifiés, en attente de validation une fois les orientations du PND confirmées.
Ces trois jours sont donc une opportunité unique de co-construire un cadre de coopération transformateur et ambitieux pour les cinq prochaines années et la session d’aujourd’hui est cruciale pour nous car elle nous permettra, Madame le Ministre de bénéficier de vos orientations et de vos conseils et de voir dans quelle mesure les 6 transitions peuvent guider nos deux documents stratégiques. Votre engagement et vos contributions seront déterminants pour que notre action, à vos coté, soit stratégique, inclusive et porteuse de résultats et d’impact concrets.
En tant que Système des Nations Unies, nous réaffirmons notre engagement à continuer d’accompagner la Côte d’Ivoire dans sa trajectoire vers un développement durable et résilient.
Je vous remercie.
Discours de
