Autonomiser les femmes rurales pour qu'elles conduisent le changement : L'impact transformateur de la coopérative Sigbewa à Brombirédouo
Cultiver, nourrir, éduquer : à Brombirédouo, les femmes de la coopérative Sigbewa, avec l’appui du PAM, transforment l’agriculture en moteur de développement.
Depuis l'introduction du programme de repas scolaires du Programme alimentaire mondial (PAM) en Côte d'Ivoire, en partenariat avec le gouvernement, des villages autrefois confrontés à des problèmes de subsistance ont connu une transformation positive significative. Brombirédouo, un village du département de Nassian, région de Bouna, dans le nord-est de la Côte d'Ivoire, est un exemple de ce changement. Au cœur de ce succès se trouve la coopérative Sigbewa, où l'autonomisation des agriculteurs locaux, en particulier des femmes, joue un rôle clé dans le programme d'alimentation scolaire florissant et le développement général de la communauté.
Une coopérative équilibrée entre les hommes et les femmes pour l'unité et le progrès
Dans le cadre de son programme d'alimentation scolaire, le PAM soutient 50 groupements de petits producteurs agricoles en Côte d'Ivoire afin d'améliorer la quantité et la qualité de leur production. L'un d'entre eux est la coopérative Sigbewa, dont le nom signifie « unissons-nous » dans la langue locale Lobi. La coopérative, qui est un symbole de réussite et d'autonomisation, a été fondée en 2004 et se compose de 57 femmes et de 40 hommes. Les femmes occupent la plupart des postes de direction et démontrent leurs capacités à diriger et à innover dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes. « Au départ, nous avions quelques réticences à travailler avec des hommes, mais aujourd'hui nous acceptons pleinement ce partenariat », déclare en souriant Mme Noufé Eri Marceline, secrétaire de la coopérative.
« Les femmes en particulier bénéficient grandement de ce partenariat. Nos collègues masculins nous aident dans les tâches lourdes et sont de bons conseillers. Bien que notre président soit un homme, les femmes sont à l'avant-garde des décisions et de la gestion quotidienne. »
Avec le soutien du PAM, la coopérative gère six hectares de terres arables et est connue pour son organisation rigoureuse et sa gestion efficace. « Nous pratiquons une agriculture diversifiée, en cultivant du maïs, des tomates, des aubergines, des oignons, du gombo, des poivrons et des niébés, aussi bien pendant la saison des pluies que pendant la saison sèche », explique M. YAO Dua Kobenan, le président de la coopérative. Grâce à la formation aux techniques agricoles résistantes au climat, à la simplification de la comptabilité, à l'amélioration de la gestion post-récolte, à la gestion de l'organisation, à l'amélioration de l'accès aux semences, aux engrais, aux pesticides et au petit matériel, Sigbewa a connu une croissance remarquable, récoltant plus de 58 tonnes métriques de nourriture la saison dernière, ce qui en fait la première coopérative en termes de production dans la région de Bouna.
Les agricultrices : L'épine dorsale du succès
Les femmes de Sigbewa ont vu leur vie transformée grâce aux formations et au soutien reçus du PAM. « Avant l'arrivée du PAM en 2019, nous travaillions individuellement, sans réel impact sur la communauté. Nos rendements étaient modestes et le rôle des femmes dans le développement agricole était souvent sous-estimé », détaille Mme Marceline. Aujourd'hui, grâce au travail collectif initié par le PAM, ces femmes travaillent ensemble et avec les hommes. Cette synergie leur a permis de doubler, voire de tripler leur production et leurs revenus. Au-delà du renforcement des capacités techniques, l'appui du PAM a profondément changé le statut des femmes au sein de la communauté en redéfinissant leurs rôles et en les plaçant au cœur des processus de développement local. « Les cours d'alphabétisation, les ateliers de renforcement des capacités et la formation au leadership proposés par le PAM ont considérablement amélioré ma vie et celle de ma famille. Aujourd'hui, je suis indépendante, je contribue aux dépenses du ménage et je suis même en train de construire ma propre maison grâce à mes revenus », dit-elle fièrement.
Renforcer la sécurité alimentaire et l'éducation
La coopérative de Sigbewa, composée de 59 % de femmes, garantit un processus décisionnel inclusif, ce qui permet une gestion plus efficace des ressources et des récoltes. Grâce à ce modèle de partage des responsabilités, les hommes se concentrent sur les tâches physiques telles que le défrichage et l'irrigation, tandis que les femmes jouent un rôle central dans la gestion quotidienne des cultures, la commercialisation des récoltes et la prise de décisions clés qui déterminent le succès de la coopérative. Cette complémentarité des tâches a non seulement renforcé la cohésion de la coopérative, mais a également contribué à augmenter les rendements agricoles. Le succès de Sigbewa s'étend au-delà des champs. La coopérative est devenue un acteur clé dans la lutte contre l'insécurité alimentaire locale, offrant une solution durable pour nourrir la communauté tout en améliorant les conditions de vie de ses membres.
La coopérative joue également un rôle crucial en assurant la pérennité de la cantine scolaire du village, contribuant ainsi à la nutrition et à l'éducation des enfants de la communauté. Pour l'année scolaire 2023-2024, les efforts de la coopérative ont permis de fournir 17 jours de repas scolaires, en plus de l'apport du PAM, servant plus de 4 600 repas aux enfants, dont 2 169 aux filles. En approvisionnant la cantine, Sigbewa contribue à réduire les taux d'absentéisme et d'abandon scolaire, en particulier pour les enfants vulnérables, grâce à l'introduction de bourses alimentaires pour 400 élèves.
« Avant, nos enfants nous rejoignaient dans les champs l'après-midi car ils n'avaient rien à manger à l'école », explique Mme Marceline. « Aujourd'hui, grâce à la cantine, nous pouvons partir travailler l'esprit tranquille, sachant que nos enfants mangent sainement et restent à l'école toute la journée ».
Hien Chancel César, un élève qui bénéficie de ce soutien, ajoute : « Je mange à la cantine parce que cela m'aide à mieux réussir à l'école, à arriver à l'heure et à jouer avec mes amis pendant les pauses. Je mange surtout du riz à la sauce aubergine, c'est mon plat préféré ! »
Selon Zanh Bi Gonékalo Germain, directeur de l'école primaire de Brombirédouo, la cantine a permis de réduire considérablement l'absentéisme, en particulier dans les classes de l'après-midi, où les enfants sont désormais plus présents et attentifs. « Grâce à la cantine, les élèves sont non seulement plus réguliers, mais aussi plus concentrés en classe, ce qui se répercute directement sur leurs résultats scolaires », affirme-t-il. Les chiffres sont évocateurs : depuis 2019, les résultats scolaires des élèves n'ont cessé de s'améliorer. Par exemple, au cours de l'année scolaire 2022-2023, le taux de réussite au CEPE (examen de fin de cycle de l'enseignement primaire) était de 80 %. Pour l'année scolaire 2023-2024, ce taux est passé à 96 %, avec 31 élèves admis sur 32. Ce progrès remarquable met en évidence l'impact significatif de la cantine scolaire sur la réussite scolaire des enfants. M. Germain attribue cette amélioration non seulement à l'alimentation scolaire, mais aussi à d'autres interventions complémentaires fournies par le PAM, telles que l'alphabétisation et le programme WASH (eau, assainissement et hygiène), qui visent à développer les compétences en lecture des élèves et à améliorer l'environnement scolaire.
Un modèle de développement conduit par les femmes
L'avenir de la coopérative Sigbewa est radieux, porté par l'ambition collective de ses membres. Les femmes restent les piliers de cette réussite, contribuant non seulement à la production de la coopérative, mais aussi à la pérennité de la cantine scolaire du village. La coopérative prévoit d'utiliser un terrain de faible altitude offert par le chef du village pour y cultiver du riz et assurer ainsi l'autosuffisance de la cantine tout en générant de nouveaux revenus. Cependant, la digue du barrage du bas-fond s'est rompue, rendant la zone inutilisable. « Si ce problème est résolu, avec l'appui que nous recevons déjà du PAM et de ses partenaires, nous pourrions faire de grandes choses : approvisionner la cantine en riz, doubler notre contribution en produits maraîchers, augmenter nos revenus et, pourquoi pas, positionner notre village comme un acteur clé dans le développement de la chaîne de valeur du riz en Côte d'Ivoire », déclare Mme Marceline.
L'histoire de Sigbewa est un témoignage inspirant de la façon dont l'autonomisation des femmes peut conduire à des changements transformateurs dans les communautés rurales. En reliant les coopératives agricoles aux programmes d'alimentation scolaire, le PAM construit un avenir plus brillant et plus prospère pour la Côte d'Ivoire et ses communautés rurales - un avenir porté par la force et le leadership des agricultrices.
Écrit par
