Allocution de la Représentante résidente du PNUD lors de la restitution des résultats des études d’impact socio-économique du COVID-19
Le PNUD a appuyé la réalisation d'une étude d'impact socio-économique de la COVID-19 sur les ménages et entreprises en Côte d'Ivoire
Madame le Ministre du Plan et du Développement,
Monsieur le représentant du Premier Ministre,
Mesdames, Messieurs les représentants des départements ministériels
Mesdames, Messieurs les partenaires techniques et Financiers
Chers invités, Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi d’abord de réitérer mon soutien et ma solidarité à l’endroit du peuple ivoirien pour les épreuves endurées face à la pandémie du COVID-19. Je voudrais également saluer la réactivité avec laquelle le gouvernement a mis en place un plan de réponse pour stabiliser les chocs subis par la population et sur l’économie. En particulier, je voudrais vous féliciter, Madame le Ministre, pour votre leadership dans le pilotage des études d’impact socioéconomique que vient de réaliser votre département.
En effet, le Ministère de l’Economie et des Finances avait, dès les premières manifestations de la pandémie, réalisé l’étude d’impact macroéconomique qui a permis de mesurer les chocs subis par les secteurs-clés de l’économie, suite aux mesures de restriction instaurées au plan national et international.
Mais face aux difficultés vécues par les populations due aux mesures de confinement, il était nécessaire d’évaluer l’ampleur des chocs subis du côté des ménages et du secteur informel, dans le but de cerner l’évolution de la vulnérabilité et de renforcer l’information devant accompagner la mise en œuvre du plan de réponse.
Ainsi, le PNUD, dans sa mission de renforcer la résilience des populations, a appuyé l’Institut National de Statistique dans la conduite d’une enquête sur la vie des ménages et les activités des entreprises formelles et informelles. Les résultats fournissent des informations importantes sur la vulnérabilité des ménages et des unités économiques en termes de baisse des revenus, des activités et des emplois. Les études révèlent notamment que la pandémie du coronavirus a produit un choc négatif important sur le revenu de la majorité des ménages. Nous voyons que le revenu moyen annuel des chefs de ménages a subi une baisse moyenne de 47,2% et le nombre de ménages supplémentaires qui passent en dessous du seuil de pauvreté est estimé à 32%, soit 1.375.151 ménages. En outre, 78,8 % des chefs de ménage affirment que leur emploi a été affecté par les mesures de confinement. En ce qui concerne le secteur informel, 96% des chefs des UPI ont vu leurs activités être fortement réduites depuis l’avènement de la pandémie.
Madame le Ministre, chers invités,
Permettez-moi de souligner que d’autres agences du Système des Nations Unies se sont jointes au PNUD pour élargir le champ de cette étude référentiel et permettre d’avoir une vue plus globale de la situation socioéconomique.
En effet, le PAM a mené une enquête de référence auprès des ménages dans le district d’Abidjan relative à la sécurité alimentaire dans le contexte du covid-19, et l’UNESCO vient de collecter des informations sur l’évolution de la précarité des acteurs culturels depuis l’entrée en vigueur des mesures de confinement. Les résultats préliminaires obtenus par le PAM révèle que 25,90% des ménages ont eu des difficultés d’accès au marché, et plus de 60% ont signifié des difficultés d’accès économique, du fait des prix très en hausse par rapport à la normale.
Ainsi, il apparaît clair que nos résultats sont complémentaires et donnent une idée plus précise de la vulnérabilité multi-dimensionnelle, du à la pandémie COVID-19.
Ces résultats constituent une base solide pour renforcer notre appui au gouvernement dans la mise en œuvre du plan de réponse socioéconomique à travers un meilleur ciblage, ainsi que l’affinement et l’actualisation des critères d’éligibilité au Fond de Solidarité, au Fond d’appui au secteur informel et au Fond d’appui aux PMEs dans un souci d’équité et de « ne laisser personne de côté ».
Cette étude permet également d'affiner le dispositif national de veille de l’évolution de la pauvreté multidimensionnelle à travers des projections et des réplications de l’enquête. A ce titre, nous collaborons avec la Banque Mondiale pour conduire des collectes de données à une fréquence de six semaines afin de suivre la situation en parallèle avec les interventions et politiques mises en œuvre.
Comme vous le savez, le PNUD a dégagé une enveloppe de USD 1 million dédié à des activités de relèvement en soutien au plan de réponse.
Madame le Ministre,
Cette vulnérabilité des ménages et des entreprises, exacerbée par la pandémie, s’estompera sans doute au fur et à mesure que les mesures prises par le gouvernement produiront leurs effets. Cependant, il convient de regarder au-delà de la situation actuelle et de construire des politiques qui permettront de renforcer la résilience des populations face à ce genre de crise. Il s’agit :
- de renforcer les politiques sociales visant à réduire les inégalités et à éradiquer l’extrême pauvreté, à travers une croissance mieux partagée et un accès plus facile aux services sociaux de base,
- d’améliorer le système d’encadrement des micros, petites et moyennes entreprises, notamment dans le secteur informel, en appuyant leur structuration, leur accès facilité au financement et aux marchés,
- de promouvoir l’emploi notamment pour les jeunes et les femmes à travers des politiques innovantes, un développement de la culture de l’innovation et de la créativité et une valorisation des solutions locales d’entreprenariat,
- de bâtir un système de veille stratégique pour suivre les tendances de la pauvreté et de la vulnérabilité et adopter une réponse proactive et efficace.
Je voudrais terminer mon propos en exprimant mon souhait de voir la Côte d’Ivoire sortir rapidement de cette crise et reprendre le chemin de l’émergence. Je vous réitère l’engagement du PNUD à poursuivre son accompagnement au gouvernement dans la mise en œuvre du plan de réponse socioéconomique.
Je vous remercie.