Une journée dans ma vie de monitrice de terrain
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A l'occasion de la Journée mondiale humanitaire 2020, découvrez le quotidien de notre héroïne du jour, Minta Koné, monitrice de terrain au bureau PAM de Man.
Je me nomme Minta Koné et je travaille au Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) en Côte d’Ivoire comme monitrice terrain depuis décembre 2017. Je suis originaire du Nord de la Côte d’Ivoire mais c’est à Man, à l’Ouest du pays, que je suis basée pour mon travail. J’ai connu le PAM à travers une association estudiantine, le Club de Paix de l’Université Felix Houphouët Boigny, à Abidjan, où j’étais étudiante chercheure en sociologie. En me renseignant sur le PAM, j’ai aimé le travail et l’engagement pour les populations. Comme j’ai toujours rêvé d’exercer un travail humanitaire, aider et soutenir les communautés dans le besoin, c’était une belle ouverture pour moi. J’ai d’abord obtenu un stage avant d’obtenir un contrat.
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Mon rôle au quotidien est de faire le suivi et l’évaluation des activités sur le terrain pour la région de l’Ouest de la Côte d’Ivoire où nous intervenons dans 104 villages. Nous sommes deux moniteurs pour couvrir les activités de la zone et superviser les ONG locales qui font le suivi de proximité au quotidien. L’une des activités que nous menons est l’accompagnement des rapatriés ivoiriens. Beaucoup d’ivoiriens ont fui la crise post-électorale de 2010/2011 dans les pays voisins et reviennent en Côte d’Ivoire, souvent dans une grande précarité car ils ont tout perdu. On les soutient dès leur retour avec des kits alimentaires et/ou des transferts d’argent pour répondre à leurs besoins alimentaires et nutritionnels urgents pour 3 mois. Ensuite, on les intègre dans des activités agricoles/avicoles/piscicoles pour qu’ils puissent produire leur propre nourriture et gagner de l’argent. Nous avons également dans la zone 79 écoles primaires publiques qui bénéficient du programme d’alimentation scolaire.
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Nous avons déjà accompagné près de 78,000 réfugiés depuis 2013 et sur ces rapatriements et sur mon rôle en tant que monitrice, je garde une expérience très enrichissante.
En effet, basée à Man, je prends souvent la route pour rejoindre les frontières avec les pays voisins, souvent celle du Libéria (approximativement 4h de route peu bitumée et sans réseau téléphonique). Une occasion en plus de discuter avec le chauffeur avec qui on passe beaucoup de temps. Ils sont autant témoins de nos activités que nous-mêmes les moniteurs. Notre premier stop, c’est au camp de transit, un peu avant la frontière, où nous rejoignons nos partenaires dont le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (UNHCR), et les autorités locales, pour tenir une réunion de coordination. Ensuite, on se rend à la frontière pour accueillir le convoi des rapatriés. C’est une étape importante car c’est un grand bouleversement pour quelqu’un de rentrer chez lui après plusieurs années d’absence. On fait notre maximum pour les orienter au mieux alors que nous sommes le premier échelon de cette nouvelle étape de leur vie. Une fois, les formalités administratives terminées à la frontière, nous repartons pour le camp de transit.
Au camp de transit, on effectuer les paiements et c’est assez long en raison des procédures à respecter. Pour le dernier rapatriement auquel j’ai participé, nous sommes arrivés au camp à 14h00, le temps d’aller chercher les bénéficiaires et les amener au camp, puis d’effectuer les vérifications, ce n’est qu’à 20h qu’on a commencé à transférer l’argent aux 79 rapatriés présents ce jour-là. Le paiement a pris fin aux environs de minuit ; et il fallait également assister aux emballages des vivres remis aux bénéficiaires le matin avant de quitter le camp.
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Ce que j’aime particulièrement dans ces missions, c’est que ce sont des moments de rencontre et l’opportunité d’apprendre à connaître nos bénéficiaires, ceux pour qui nous travaillons. Ils ont tous une histoire particulière à raconter et je me rappelle encore de cette bénéficiaire enceinte qui m’a fait rire à travers son témoignage, mais qui m’a aussi touché. Elle s’était réfugiée en Guinée pendant près de 9 ans et ce rapatriement était une opportunité pour elle de revoir les siens. Mieux, son enfant allait naitre en Côte d’Ivoire, dans son propre village et lieu de résidence. Pour cette maman, c’était une grande joie que les premiers mots prononcés autour de son bébé soient des mots Mahouka (Malinké) – son propre dialecte, et non des mots en langue locale Guinéenne.
« Je suis très heureuse que mon bébé à naître puisse connaitre le kokodjoro (haricot/pois cassé), le plat traditionnel que je vais préparer grâce aux vivres remis par le PAM et que je vais consommer jusqu’à la naissance de mon enfant qui lui aussi goûtera à ce bon plat traditionnel », me confiait-elle. Son attachement à sa culture et sa joie m’ont vraiment touché.
C’est ce contact humain que j’adore dans mon travail. Être avec les bénéficiaires sur les sites, partager leurs difficultés, me rendre utile, échanger avec eux. La COVID et la quarantaine que nous avons dû observer pendant un mois m’ont affectée. Il était difficile de se rendre sur les sites, et nous avons dû faire les suivis au téléphone. Il me tardait de pouvoir repartir sur le terrain. C’est même ma motivation quotidienne ! Savoir que le PAM à travers mon travail donne de l’espoir aux gens. La lutte pour une cause noble, pour des personnes qui ont besoin de peu pour voir leurs vies s’illuminer.
Retrouvez la version anglaise de ce témoignage sur le site internet du PAM ici.