Histoire
27 juin 2025
Renforcer la résilience des petits producteurs agricoles : des solutions innovantes pour une agriculture durable
En Côte d’Ivoire, l’irrégularité des saisons et la hausse des températures menacent gravement la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations rurales. Depuis plusieurs décennies, la baisse des précipitations affecte particulièrement les zones agricoles dépendantes de la pluie, notamment dans le nord du pays. Dans ces régions, la pauvreté, la pression exercée sur les ressources naturelles et les faibles capacités d’adaptation des communautés renforcent leur vulnérabilité. Les femmes, qui représentent près de 90 % de la main-d’œuvre agricole locale, sont en première ligne : elles subissent à la fois les effets des chocs climatiques et les contraintes socioéconomiques qui limitent leur accès à la terre, aux intrants agricoles et au financement. Le projet “Women Adapt” : accompagner l’adaptation des femmes et jeunes en milieu rural Pour répondre à ces défis, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), avec l’appui du Fonds Vert pour le Climat (GCF) et en partenariat avec des ONG locales et les autorités décentralisées, déploie dans le Poro le projet Women Adapt. L’objectif : renforcer la sécurité alimentaire et la résilience des ménages agricoles grâce à des approches centrées sur l’autonomisation des jeunes et des femmes. Le projet repose sur trois piliers : la gestion intégrée des risques climatiques, l’amélioration de la productivité agricole et l’inclusion financière par un meilleur accès aux marchés. Dans ce cadre, deux bootcamps ont été organisés par les experts du PAM du 16 au 23 juin 2025, dans les départements de Sinématiali, Dikodougou et Korhogo. Ces sessions intensives ont permis de former des acteurs locaux, chargés de diffuser les bonnes pratiques dans leurs communautés. Les formations ont porté sur l’adoption de pratiques innovantes et durables autour de deux axes majeurs : les Solutions fondées sur la nature (NbS) pour restaurer les écosystèmes, et les Systèmes Agroforestiers (SAF) pour promouvoir une agriculture plus résiliente. Des approches écologiques et durables pour restaurer les terres et gérer l’eau Le premier bootcamp, dédié aux Solutions fondées sur la nature (NbS), s’est tenu le 16 juin 2025 à Berkaha (Département de Sinématiali). Producteurs, représentants d’ONG et experts ont été formés à des techniques simples et efficaces pour restaurer les sols dégradés et conserver l’eau : construction de cordons pierreux pour freiner l’érosion, creusement de tranchées vides pour capter les eaux de pluie et de ruissellement, aménagement de bandes enherbées pour enrichir le sol grâce à l’accumulation de matière organique et limiter le ruissellement. Des essences végétales, soigneusement sélectionnées pour leurs vertus écologiques - arbres à biomasse, essences résistantes et multifonctionnelles- ont été plantées dans les tranchées pour renforcer la fertilité des sols et la biodiversité et la résilience des écosystèmes. Des systèmes agroforestiers innovants et durables pour des revenus plus stables et des sols préservésDu 17 au 23 juin 2025, un deuxième bootcamp sur les systèmes agroforestiers (SAF) a rassemblé les communautés de Kaprémé et Kafiokaha 2 (département de Dikodougou) pour l’apprentissage de pratiques agricoles innovantes favorisant la régénération des sols, la préservation de la biodiversité et la stabilisation des revenus. Paillage, organisation efficace de la biomasse, piquetage, délimitation des lignes agroforestières et élagage des cajous faisaient partie des modules pratiques. Ces pratiques sont essentielles pour préserver la santé des arbres et améliorer les rendements. Les participants ont également planté des rejets d’eucalyptus et reçu des conseils de sécurité applicables aux travaux agricoles, ainsi que pour protéger les parcelles contre les animaux en divagation, un enjeu majeur pour sécuriser les cultures. Une dynamique de mise à l’échelle Ces formations complémentaires amorcent une dynamique durable pour restaurer les terres et renforcer la résilience des producteurs locaux. Le projet prévoit d’aménager cinq à six hectares supplémentaires d’ici fin 2025 dans de nouveaux villages. En 2026, l’objectif est d’étendre ces actions sur 50 à 100 hectares, pour amplifier l’impact et inscrire ces solutions dans la durée. Ces initiatives illustrent l’engagement du Système des Nations Unies, en collaboration avec les autorités et la société civile, à promouvoir une agriculture durable, inclusive et respectueuse de l’environnement en Côte d’Ivoire.